Whale Watching : “Un séminaire pour réunir les acteurs du secteur”

(Photos : Tahiti Ocean Explorer avec autorisation de la DIREN // Teremuura Kohumoetini-Rurua, présidente de la commission du tourisme, de l'écologie et de la culture à l'Assemblée de Polynésie. SG/LDT)
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La saison d’observation des baleines (whale watching) s’achève bientôt, le 11 novembre. Comme chaque année, les prestataires d’activités ont défendu l’exercice de leur activité dans le respect du code de l’environnement tandis que les associations de défense des cétacés ont manifesté leur souhait de toujours plus de protection et de distance avec les animaux. 

Nous indiquions, à l’ouverture de la saison début août, que la pression sur les baleines est jugée trop importante – notamment par la Direction de l’environnement (DIREN) – tout particulièrement à Moorea ou une trentaine de prestataires sont autorisés à pratiquer le whale watching. 

Une série de réunions pour “écouter, comprendre et, à terme, modifier le code de l’environnement”

C’est dans ce contexte que la commission du tourisme, de l’écologie et de la culture à l’Assemblée de Polynésie a décidé d’organiser pas moins de 10 réunions depuis plusieurs semaines avec tous les acteurs concernés. Une opération d’envergure inédite dans le but d’écouter, de comprendre et, à terme, de modifier le code de l’environnement.

Ainsi, des discussions sont encore en cours, tour à tour, avec des scientifiques, des anthropologues, des prestataires nautiques, des clubs de plongée, des associations de défense des cétacés, la Direction de l’environnement, des professionnels du PGEM (plan de gestion de l’espace maritime), Tahiti Tourisme, des spécialistes de l’histoire et des traditions… 

“Plus de moyens de contrôle”

“Nous avons décidé d’organiser ces réunions suite à une tournée sur Moorea Maiao lors de la période ou, précisément, le gouvernement devait se prononcer sur les agréments aux prestataires. Ceux-ci étaient dans l’attente et nous ont sollicité. Nous voulons tout mettre à plat, recevoir tour à tour l’ensemble des acteurs du secteur. Le but est de prendre des décisions à partir de la réalité du terrain” explique Teremuura Kohumoetini-Rurua, la présidente de la commission. 

La tâche s’avère ardue pour trouver le bon compromis et contenter tout le monde. La commission reste très prudente. Elle remarque d’ores et déjà que, dans un premier temps, la réglementation existante mériterait d’être mieux appliquée, elle évoque aussi la possibilité de mettre “plus de moyens de contrôle sur l’eau”. 

C’est aussi ce que réclament des prestataires qui regrettent que certains de leurs confrères ne jouent pas le jeu, sans compter ceux qui n’ont pas d’agréments et font “ce qu’ils veulent” et “sont libres d’aller observer quand bon leur semble et au-delà du 11 novembre”. Ils jugent la situation injuste en l’état actuel. 

Les associations veulent, elles aussi, plus de contrôles. Mata Tohora, est partisane d’une brigade assermentée sur le modèle calédonien qu’elle prend en exemple, également pour le temps d’observation limité par jour et la distance de 300 mètres à respecter contre 100 mètres selon le code de l’environnement en Polynésie. Sans compter la mise à l’eau autorisée au fenua et interdite en Nouvelle-Calédonie. 

Une nouvelle approche de la baleine

Reste que les enjeux économiques sont importants. La Polynésie fait précisément partie des très rares pays où la mise à l’eau des touristes avec les mammifères marins est encore possible, et c’est évidemment un atout touristique. 

Nous devons préserver notre particularité. Le grand défi est de maintenir la possibilité de mise à l’eau en Polynésie sans nuire à la baleine” avance prudemment Teremuura Kohumoetini-Rurua. Plutôt que d’interdire, elle préfère rester à l’écoute de solutions intermédiaires. 

Organiser les contrôles par la création, par exemple de postes de garde nature ; donner du sens à l’agrément avec, par exemple, des formations de sensibilisation obligatoires… sont des pistes de travail. “Les formations pourraient modifier la façon dont on observe la baleine. Certains scientifiques expliquent que ce serait à l’animal de s’approcher s’il le souhaite et non l’inverse” précise l’élue. Ces formations pourraient s’étendre à tous les capitaines de bateaux, plaisanciers compris. 

Les problèmes ne sont pas les mêmes selon les îles

“Tout le monde est concerné. Nous souhaitons une prise de conscience générale. Les prestataires sont prêts à une nouvelle réglementation plus juste. Ce sont eux parfois qui font la police sur le terrain (…) Et les problèmes ne sont pas les mêmes selon les endroits. A Moorea, ou la pression est forte sur les baleines, les tensions se font sentir entre les prestataires nautiques et les clubs de plongée : A Tahiti, c’est plus entre prestataires et plaisanciers…” relève Teremuura. 

Un séminaire avant avril 2024

L’élue Tavini pense organiser un séminaire avant avril 2024 pour réunir les acteurs du secteur. “C’est un événement que j’aimerais mettre en place dans la continuité des réunions. L’idée est de réfléchir ensemble et de dégager un mode de gestion sur lequel tout le monde tomberait d’accord… plutôt que d’imposer une loi”. 

Intensification des contrôles, formations mais aussi quota de bateaux par baleine ou interdiction des jet skis, jugés trop bruyants… aucun tabou ne devra entraver les discussions.

Des efforts pour l’autorisation des agréments plus tôt dans la saison

En attendant, tout le monde reconnaît, associations comprises, que les baleines sont plus nombreuses qu’auparavant dans nos eaux. Ce qui fait dire à certains qu’elles ne sont ni malheureuses ni effrayées pour le moment. 

Pour faire suite à toutes ces réflexions, auditions, réunions puis séminaire, la commission de l’assemblée devrait émettre des recommandations auprès du gouvernement. La réglementation et le code de l’environnement ne varieront pas pour la prochaine saison mais, des efforts seront fait pour donner les agréments plus tôt dans la saison en 2024.