Dans nos caddies, à l’heure du déjeuner, au fond de nos poubelles, les emballages sont partout. Ce n’est donc pas par hasard que cette thématique est mise en avant à l’occasion de la Semaine Européenne de Réduction des Déchets (SERD), du 18 au 26 novembre 2023.
Coordonné par l’Agence de la Transition Écologique (ADEME), cet évènement vise à rappeler au grand public les bonnes pratiques en matière de consommation et de production de déchets. “Tous les acteurs sont concernés par les enjeux de prévention et de réduction des déchets. Le tri et le recyclage ne peuvent être la seule solution à la surconsommation d’emballages. À Tahiti, plus d’un tiers de nos bacs gris sont des emballages. Une fois collectés, dans les ordures ménagères ou séparément, ces déchets sont enfouis ou exportés. Il est donc indispensable d’agir à la source en réduisant la quantité de déchets, et donc d’emballages”, interpelle l’ADEME.
Entre “zéro déchet” et “tout jetable”, des efforts à poursuivre
“Et chacun, à son échelle, en Polynésie comme ailleurs, peut apporter sa pierre à l’édifice”, est-il rappelé. Des efforts sont consentis par les commerçants et les restaurateurs (contenants compostables, sachets ou pailles en papier, produits en vrac, etc.), mais la quantité d’emballages industriels qu’on achète pour ensuite les jeter reste affolante quand on y prête attention. Si des progrès doivent encore être faits par les vendeurs, les consommateurs ont également un rôle à jouer.
En Polynésie, l’interdiction des sacs en plastique à usage unique depuis le 1er janvier 2022 a permis d’insuffler de nouvelles habitudes avec l’emploi de sacs réutilisables, ce qui suppose une bonne organisation, y compris au rayon fruits et légumes des supermarchés. Ces dernières années, les produits “zéro déchet” se sont démocratisés : kit de couverts réutilisables, couvres-plats en tissu, shampooings solides et autres alternatives au “tout jetable”. Mais il est encore difficile de se passer des barquettes et autres films en plastique pour acheter de la viande ou un plat préparé. La solution serait d’apporter nos propres contenants, mais sommes-nous prêts à franchir le pas ?
Moea Pereyre, co-fondatrice du collectif Nana Sac Plastique, suit de près ce sujet, en espérant que les restrictions concernant l’usage des déchets en plastique à usage unique pourront être renforcées au niveau de la loi de Pays et de son suivi. “Il faut aussi changer le regard des gens, qui ont tendance à dire que les alternatives écologiques coûtent plus cher. Je prends l’exemple d’une salade à emporter ou d’un jus de fruits frais. Soit on fait payer le contenant recyclable au consommateur, soit on lui propose la remise correspondante s’il vient avec son tupperware ou sa gourde. Il faut que l’approche soit positive en valorisant le bon geste et en pénalisant le mauvais geste. Si personne ne fait d’effort, on ne peut pas avancer”, remarque-t-elle. En conclusion : “Tout ça peut paraître dérisoire, mais il s’agit de notre environnement et de l’avenir de nos enfants”.
À vous la parole
Natu, 57 ans, de Papeari : “C’est vrai qu’on jette beaucoup d’emballages, trop même ! J’ai pris l’habitude de venir faire mes courses avec mes sacs. Sinon, au quotidien, j’ai une gourde pour éviter d’acheter des bouteilles d’eau. Pour commencer, il faudrait être plus strict au niveau des amendes vis-à-vis des gens qui jettent leurs déchets n’importe où”.
Rumia, 35 ans, de Teahupo’o : “Les emballages, c’est un vrai problème au niveau de la pollution. Chez nous, on est très appliqué au niveau du tri. À part ça, je n’ai pas vraiment de solution pour réduire les emballages, vu que tout ce qu’on achète est conditionné comme ça”.
Corinne, 51 ans, de Toahotu : “Les gens font de plus en plus d’efforts, mais ce qui est super frustrant, c’est que beaucoup de produits de traiteur en grandes surfaces sont vendus dans des contenants en plastique qui ne sont pas tous recyclables. Je viens toujours avec un sac réutilisable en tissu. Il y a des filets pour les fruits et légumes, mais ça pose des questions d’hygiène pour certains produits, comme les salades”.
Marie, 60 ans, de Mataiea : “Avant les emballages, ce qui me choque le plus, ce sont les prix ! Il y a trop de plastique. Même chez moi qui cuisine beaucoup et qui n’achète pas beaucoup de plats préparés. Mon astuce, c’est de réutiliser : mes sachets de riz vides, par exemple, je m’en sers comme emballages au congélateur. Et tout ce qui est carton, je brûle avec mes feuilles”.
Pour aller plus loin
Les trois actions proposées par Fenua Ma :
1. Zéro emballage pendant une journée : choisissez une journée de la SERD et essayez de minimiser ou d’éliminer complètement l’utilisation d’emballages jetables.
2. Recyclez intelligemment : éduquez-vous sur le recyclage des emballages et assurez-vous de trier correctement vos déchets pour une gestion plus efficace.
3. Partagez vos astuces : partagez vos meilleures astuces pour réduire les emballages sur les réseaux sociaux, afin d’inspirer d’autres personnes à faire de même.
Retrouvez également les actions labellisées en Polynésie sur le site de l’ADEME.
