Manifestation à Faratea : deux-roues et voitures roulent et signent pour un site adapté

Des centaines de passionnés de sports mécaniques ont afflué et une pétition a été lancée, tandis qu’une table ronde se profile (Photos : ACL/LDT).
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Entre une pétition pour nuisances sonores appuyée par Te Ora Hau et la concrétisation du projet de zone bio-marine, la zone industrielle de Faratea, à Taravao, a récemment fermé ses portes aux compétitions de sports mécaniques. Comme annoncé, à la place des runs, samedi 18 novembre 2023, la mobilisation a pris la forme d’une manifestation pacifique. Deux convois de voitures et deux-roues sont partis de la zone urbaine par la côte est et la côte ouest pour se rejoindre à Faratea aux alentours de 14 heures.

Une organisation bien rodée

Chaque association, y compris de car-audio, avait son emplacement, la consigne étant de se stationner moteurs éteints et sans musique. Des bénévoles étaient mobilisés pour veiller au bon déroulement du rassemblement. Des gendarmes, dont des motards, et des policiers municipaux des communes traversées ont fait de même sur route et sur site, où les conversations allaient bon train entre passionnés.

“Pour une première, c’est pas mal !”, nous a confié Boris Jamet, président de la Fédération de Motocyclisme de Polynésie. “On veut marquer le coup pour montrer que les passionnés sont nombreux et qu’il leur faut un site. Mon but, c’est que mes riders puissent assouvir leurs pulsions dans un cadre adapté au lieu d’aller sur la route. Hier soir, il y a eu une chute à Erima suite à une course sauvage !”.

Plus de 1.500 licenciés concernés

Les organisateurs ont estimé la mobilisation à 2.000 personnes, soit 400 voitures et autant de deux-roues. “Je suis impressionné par la mobilisation suscitée. L’union fait la force : on a vraiment besoin d’un site adéquat. Le but, c’est de se faire entendre dans le silence, par le nombre. On espère que les instances du Pays pourront nous prendre en compte. Je remercie le ministre Jordy Chan d’avoir ouvert le dialogue. On a toujours été ouvert à la discussion. On organise des courses depuis 40 ans dans le respect des procédures. On est plusieurs associations et fédérations à faire face à des blocages de sites, ce qui nous empêche de pratiquer nos sports et nos passions avec plus de 1500 licenciés confondus. Ce n’est tout bonnement pas possible de leur dire d’arrêter”, nous a indiqué Teiki Babbucci, président de l’Association Sportive Automobile de Tahiti.

Une pétition en ligne et une table ronde à venir

En parallèle, une pétition en ligne a été lancée. Intitulée “Nous avons le droit d’exister”, elle a totalisé plus de 700 signatures en deux jours. Si l’option d’un retour à Motu Uta est évoquée par les pratiquants, aucune piste n’est écartée, en sachant que le site recherché doit disposer d’une route goudronnée de 400 mètres de long et d’un espace pour accueillir les spectateurs. Une table ronde avec le Pays devrait se tenir prochainement, mais aucune date n’a été avancée. Pour les associations de sports mécaniques, le temps presse pour définir le calendrier des manifestations sportives de l’année 2024.

Manukau Autai, champion de motocross et de run :

“On n’a plus d’endroit pour exprimer librement notre passion”

“J’ai commencé à l’âge de 4 ans. Aujourd’hui, on n’a plus d’endroit pour exprimer librement notre passion. On est tous venus pour demander au gouvernement de nous donner un lieu dédié, parce que sur la route, c’est trop dangereux. Il y a du monde qui est au rendez-vous : ça fait plaisir à voir ! Moi-même, je suis venu de Punaauia”.

Raunui Shan Khi Fan, passionné de sports automobiles :

“Pour que le gouvernement s’empare du sujet”

“J’ai fait des courses, du drift et des runs par le passé. Maintenant, je suis plutôt du côté des spectateurs. Avant, on avait Motu Uta, Prince Hinoi, Paihoro, etc. À Faratea, on s’était bien développé, mais c’est terminé. Personnellement, je comprends les riverains. Mais j’ai voulu participer pour contribuer à faire bouger les choses pour que le gouvernement s’empare du sujet, comme c’est le cas d’un point de vue structurel pour le va’a, le football ou le cyclisme, avec un lieu pour assouvir notre passion”.

Poeiti, passionnée de car-audio de Taiarapu-Est :

“On finit toujours par nous chasser”

“On a voulu suivre le mouvement, parce que nous rencontrons le même problème : on n’a pas de site et, où qu’on aille, on finit toujours par nous chasser. (…) On fait peut-être partie d’une minorité, mais quand on regarde aujourd’hui, ça fait du monde ! On ne demande pas grand-chose. Quand on a besoin de nous pour animer un défilé, il n’y a pas de problème, mais dans l’autre sens, ça ne marche pas. C’est dommage”.

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