La Polynésie vue du ciel par John Teipoarii, pilote de drone

Originaire de Rapa, ce passionné d’aviation et d’images a trouvé sa voie en 2015 en intégrant l’équipe de Matarai, qu’il supervise aujourd’hui. Un métier-passion grâce auquel il sillonne les archipels pour des missions très variées (Photos : Matarai).
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D’une certaine façon, on peut dire que John Teipoarii, 41 ans, a toujours eu la tête dans les nuages. “À la base, je suis fan de tout ce qui vole, des cerfs-volants jusqu’aux avions. Plus jeune, je pilotais déjà des avions d’aéromodélisme. En parallèle, j’ai toujours aimé le travail autour des images, autant la photo que la vidéo“, se souvient-il.

Ce n’est donc pas par hasard que ce résident de Papeete a adressé une candidature spontanée à la société Matarai (“L’œil du ciel”) de Raitini Rey, en 2015, alors en pleine ascension. “J’ai fait mes premières missions avec lui, et il m’a délégué la gestion depuis deux ans. Nous sommes une équipe de quatre, sans compter les prestataires avec lesquels nous collaborons”, explique le télépilote de drone, qui est le terme technique exact.

Des missions variées

Ce métier-passion a conduit John Teipoarii à mener des interventions très variées dans tous les archipels. Parmi les missions qui l’ont le plus marqué, on retrouve la célèbre Hawaiki Nui Va’a, mais aussi la Tahiti Pearl Regatta, compétition de voile aux Îles Sous-le-Vent. “Pendant cinq jours, on avait pour mission de faire des images aériennes, depuis les bateaux et sous l’eau pour diffuser un clip de trois minutes maximum chaque soir. C’était beaucoup de travail, mais j’ai aimé ce partage de notre travail directement avec les équipages. Et les panoramas étaient magnifiques !”, confie-t-il.

Dans un registre plus environnemental qu’artistique, le pilote se souvient d’une mission mémorable à Punaauia, sur les hauteurs de Temaruata. Objectif : éradiquer la petite fourmi de feu, en partenariat avec l’association SOP Manu et la Direction de l’environnement. “Le but, c’était de sauver le Monarque de Tahiti, dont les œufs étaient menacés. On a exploité des drones M600 Pro, qui ont la particularité de pouvoir porter des charges. Pour l’occasion, nous avions conçu un prototype de pulvérisateur de graines de traitement par impression 3D”, indique John Teipoarii. Un domaine technique qu’il aimerait développer, notamment en matière de soutien matériel aux opérations de secours.

Le potentiel des drones ne s’arrête pas là. En effet, il existe des modèles pour chaque usage : cinématographique, technique, sportif, etc. Des courses sont même organisées au Fenua. À l’international, le côté spectaculaire de ces outils technologiques est désormais mis en avant à travers des ballets lumineux chorégraphiés. “On n’en est pas encore là, mais chaque année depuis six ans, on éclaire le ciel de Papeete avec un grand cœur bleu à l’occasion de la Saint Valentin”, rappelle John Teipoarii.

La formation fait aussi partie de ses attributions. “Pour pouvoir exploiter un drone et commercialiser ses images, il faut passer une licence de télépilote de drone, car il y a une réglementation à respecter par rapport au haut-commissariat et à l’aviation civile. Pour les prises de vue, bien souvent, on apprend sur le tas”, explique-t-il.  

Le pire scénario pour un pilote reste de perdre son matériel, souvent coûteux. “En sept ans d’activité, j’ai perdu un seul drone. La principale contrainte, ce n’est pas tant le vent, mais surtout la pluie à cause du système électronique. Les oiseaux, ce n’est pas trop grave : la procédure, c’est de suspendre le tournage et de poursuivre l’oiseau jusqu’à ce qu’il nous laisse tranquille”.

“Voyager, découvrir nos îles et partager”

Les pieds sur terre, mais les yeux rivés vers le ciel, John Teipoarii ne regrette pas ce choix de carrière. “C’est un métier qui me permet de beaucoup voyager et j’adore découvrir les lagons et les montagnes de nos îles. On a la chance de voir et de partager des images de zones inaccessibles”, se réjouit-il, malgré un rythme de travail soutenu, puisqu’il est aussi superviseur de piste auprès de la compagnie Air Moana.

Si ses prochaines missions le mèneront à Ahe et Rangiroa, aux Tuamotu, il a récemment réalisé un rêve en se rendant à Rapa, aux Australes. “Ça faisait trente ans que je n’avais plus remis les pieds sur mon île natale !”. En cadeau et en souvenir, John Teipoarii a réalisé une vidéo de “Rapa iti” pour mettre en lumière la beauté de cette île de 500 habitants parmi les plus isolées de l’océan Pacifique.