Paka : un an de prison ferme pour “l’apprenti jardinier”

Lors de l'enquête, 325 pieds de paka avaient été retrouvés au domicile du prévenu. (Photo : SB/LDT)
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“Le paka c’est la santé, le cultiver et le fumer la conserver”. Cela aurait pu être le leitmotiv du jeune homme de 25 ans que le tribunal correctionnel de Papeete jugeait ce jeudi 7 décembre. A la barre, pour conduite sous l’emprise du cannabis, en état de récidive, et pour possession et cession du produit stupéfiant, il avait été retrouvé à son domicile, lors de l’enquête, 325 pieds de paka. Relaxé pour les faits de vente, l’homme écope d’un an de prison ferme pour les autres délits commis.

L’homme l’avoue, c’est un gros consommateur de cannabis. Environ cinq à dix joints par jour. Difficile dans ces conditions de ne pas rouler sous les effets du psychotrope. Il est arrêté à plusieurs reprises sous l’emprise du paka. En février, en septembre et en octobre de cette année. Le dernier contrôle sera celui de trop. Les forces de l’ordre, découvre alors une somme conséquente d’argent liquide sur le jeune homme. Une enquête débute et permet la découverte de 325 pieds de paka au domicile familial.

En plus de cette quantité impressionnante, tout un attirail du parfait petit jardinier est également retrouvé. Matériel que l’homme dit avoir acheté grâce à divers emplois, déclarés ou non, comme la pêche par exemple. En plus de tout ce matériel, il est aussi retrouvé un stock conséquent de boîtes d’allumettes. Un contenant bien connu des dealers et des consommateurs. Pour autant, l’homme conteste les accusations de vente et affirme que la production n’était destinée qu’à sa consommation personnelle.

Une production à des fins thérapeutiques

Une production importante à des fins personnelles pour ne pas alimenter le trafic, comme il le dit lors de l’audience. Le prévenu explique aussi que son fa’a’apu a une autre destination : l’expérimentation. Voyant une possibilité d’évolution de la législation sur le produit, sur le territoire, il avance, comme argument, avoir voulu expérimenter la production de produits aux vertus thérapeutiques.

Sur le stock de boîtes d’allumettes retrouvé, il explique aux magistrats que là aussi, il est destiné, notamment pour mettre ses réserves de pakalolo lorsqu’il va à la pêche. Une virée en mer qui abîme généralement le contenant avec l’humidité et qu’il faut par conséquent changer par la suite, explique t-il. Des explications qui rentrent, selon la procureure, dans le cadre de l’improbable.

La représentante du ministère public n’est en effet pas convaincue par l’argumentaire avancé par le jeune homme qui défend que le paka est moins dangereux que l’alcool, notamment sur la route. Selon la magistrate, il ne fait aucun doute que le prévenu est un dealer et non pas seulement un consommateur. Elle appuie ses réquisitions, entre autre, sur des dépôts d’argent effectués sur le compte de l’accusé.

Pas d’acheteurs, pas de communication, pas de trace de transaction

Le prix du matériel de “jardinier”, au regard des revenus déclarés du prévenu, est aussi un élément à charge. Elle sollicite par conséquent une condamnation à deux ans de prison ferme, pour tous les faits reprochés avec le maintien en détention. Des réquisitions qui ne seront pas suivies par la cour, peut-être sensible au raisonnement avancé par la défense.

Une défense qui s’appuie sur la non-existence de potentiels acheteurs, sur la non-existence de communication entre son client et un acheteur, sur la non-existence de transaction prouvée, ou encore sur des sommes déposées sur le compte de son client non significatives alors que la rentabilité, de la culture retrouvée, est estimée à cinq millions de francs par les autorités.

La cour relaxe finalement le jeune homme pour les faits de vente et cession de pakalolo mais le condamne à un an de prison ferme, avec maintien en détention, pour les autres délits relevés.