Depuis le 1er août 2022, le Contre-Amiral Geoffroy d’Andigné est le commandant supérieur (COMSUP) des forces armées en Polynésie française et de la zone Asie-Pacifique. Relations internationales, la zone économique exclusive, loi de programmation militaire…Près d’un an et demi après sa prise de fonction, le temps est venu du bilan de l’activité militaire dans la zone, pour l’année 2023, mais aussi de parler avenir.
L’année 2023 se termine et l’heure des bilans est venue. Et du côté du commandement supérieur des forces armées en Polynésie française, les douze mois qui s’achèvent auront été source de satisfaction, comme l’indique le Contre-Amiral Geoffroy d’Andigné, notamment en ce qui concerne les actions vers l’Asie qui connaît, depuis 2021, un engagement renforcé.
“2023 a été une très bonne année, avec des déploiements importants, avec des moyens du haut du spectre qui venaient de métropole, venant renforcer nos propres déploiements à partir de la Polynésie française.” Le Contre-Amiral fait, entres autres, référence ici au déploiement de la frégate Lorraine, depuis la France, ou bien encore à la mission Pégase 23.
L’activité se renforce dans la zone Asie-Pacifique
L’année 2023, poursuit le chef des forces armées, a également été marquée par la continuité dans les renforcements de coopération comme celle avec le Japon par exemple. L’après Covid, indique-t-il, a permis de rouvrir un certains nombres d’escales et de renouer des relations avec des Pays de la région comme, par exemple, les Samoa, Niue et Palaos.
Le Contre-Amiral Geoffroy d’Andigné informe aussi que l’année a été marquée, pour l’armée française dans la zone Pacifique, par un certain nombre de premières, qu’il s’agisse de coopération avec les Américains ou le Japon, ou de présence dans un certain nombre d’exercices aux Philippines ou en Indonésie.
Une activité qui se renforce dans la zonee, notamment en raison de la compétition qui se joue entre les deux superpuissances que sont les États-Unis et la Chine. “On est dans un mouvement général avec une dynamique très forte dans la région, notamment dans la compétition sino-américaine. Il y a une volonté chinoise de bouger un peu le statu quo. Il y a des évolutions qui se font et nous ne sommes pas absents de ces évolutions.”
“La France prône le dialogue, le multilatéralisme
et le respect du droit international”
La France prône la communication avec la Chine. Le commandant des forces armées françaises dans la zone Asie-Pacifique y voit la preuve d’une volonté d’ouvrir un canal de communication, au niveau militaire, entre le COMSUP et le commandement de la zone sud de l’armée populaire de libération. “Il y a des travaux en cours, qui émanent des deux présidents, pour formaliser ce canal. C’est un point important (…) La France prône le dialogue dans la zone, le multilatéralisme et le respect du droit international.”
Interrogé sur le renforcement militaire en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, le Contre-Amiral estime que la démarche se justifie par une prise en compte de l’évolution de l’environnement international, par la volonté d’aider les voisins dans la maîtrise de leur souveraineté et par le souhait de participer à la stabilité régionale. La coopération régionale permet à la France de prendre part, à la fois, à la défense du droit international (plutôt dans le sud de l’Asie, en mer de Chine méridionale) et à des missions qui relèvent davantage d’engagements internationaux de la France en qualité de membre de sécurité de l’ONU (Dans le nord, en particulier vis-à-vis de la Corée du Nord).
Davantage d’hommes et de moyens à venir en Polynésie française
Parmi les actions menées par les forces armées à Tahiti et dans les archipels, les missions de présence qu’assurent les militaires dans les îles (huit missions par an), et bien sûr la protection de la zone économique exclusive (ZEE) qui reste une priorité : “Elle est bien protégée, bien maîtrisée.” La France , après les États-Unis, possède la seconde ZEE la plus importante au monde et la plus grande du Pacifique. La moitié de la ZEE française se trouve ainsi dans le Pacifique, puisque la ZEE polynésienne représente 5 millions de km² d’océan sur les 11 millions de km² que détient la France.
Côté avenir, le COMSUP annonce des renouvellements en moyens et en capacités. Un premier patrouilleur est prévu pour mai 2024 et un autre en 2025. Les avions de surveillance maritime vont également faire peau neuve avec l’arrivée de Falcon 50, en remplacement des Falcon 200. “Des moyens qui vont plus loin, plus vite, avec une bonne capacité de travailler de nuit, bien meilleure qu’aujourd’hui.”, selon le Contre-Amiral. Des nouveaux avions “encore plus performants” sont attendus à l’horizon 2030.
Un renforcement militaire en Polynésie française qui se traduira aussi, dans le cadre la loi de programmation militaire 2024-2030, qui représente 413 milliards d’euros sur 7 ans, par l’arrivée d’environ 220 personnes, majoritairement militaires (RIMaP-P ), précise le Contre-Amiral Geoffroy d’Andigné, qui évoque surtout un “renforcement des unités opérationnelles”
Aujourd’hui, le commandement des forces armées à Arue représente 1200 personnes, militaires et civils confondus. “Les armées sont dans une phase de progression des effectifs et les Outre-mer en bénéficient. La part des Outre-mer, avec la loi de programmation militaire, a été renforcée.”
Le commandement supérieur des forces armées,
c’est quoi exactement?
Dans l’organisation de l’armée française, les espaces du monde sont réparties en zones de responsabilités avec un commandement interarmées. La Polynésie française est l’un des commandements interarmées avec une responsabilité qui s’exerce dans 3 domaines :
- Le commandement opérationnel de toutes les forces qui viennent opérer dans la zone, que cela soit à partir d’ici ou qui viennent de l’extérieur. Tous les moyens militaires, qu’ils soient terre, air ou mer, opèrent sous le commandement du Contre-Amiral d’Andigné.
- Une responsabilité de coopération militaire avec les pays de la zone
- L’action de l’État en mer au bénéfice du Haut-commissariat. Exemple avec le centre de sauvetage aéromaritime-JRCC.
Le Pacifique est divisé en deux zones autour de deux territoires. D’abord la Nouvelle-Calédonie qui a une zone qui comprend l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Tonga, Vanuatu… Ensuite, tout le reste du Pacifique est sous la responsabilité du Contre-Amiral, dont la compétence spatiale s’étend du détroit de Malacca, en Indonésie, à la côte américaine pour redescendre jusqu’au cap Horn.
