Justice : ses chiens manquent de tuer une femme, il demande la relaxe

La victime a trouvé le courage de parler sept ans après les agressions sexuelles que lui a fait subir son oncle. L'homme a été condamné à dix-huit mois de prison ferme. (Photo : archives LDT)
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Yannick T. se présente ce jeudi 15 décembre devant la cour d’appel de Papeete, car il conteste la décision rendue à son encontre en première instance. Ce jardinier de 50 ans, résidant de Hitiaa o te ra, avait été condamné en novembre 2021 pour blessures involontaires : deux de ses cinq chiens ayant grièvement mordu, en février de la même année, deux femmes dont le seul tort était de se promener non loin de son domicile, près de l’embouchure d’une rivière.

Il avait écopé d’une peine de 6 mois de prison avec sursis, assortie de l’interdiction de détenir des chiens pendant cinq ans, mais aussi de la confiscation des deux chiens agresseurs.

Malgré la présence des deux victimes dans la salle d’audience, dont l’une avait été grièvement mordue à la gorge, le prévenu est loin de faire profil bas, même s’il reconnaît les faits. Tout en demandant la relaxe…

Son mutisme est d’abord mis sur le compte d’une prétendue incapacité à parler le reo farani. “En première instance, il s’exprimait pourtant parfaitement en français” s’étonne l’avocat des parties civiles. De fait, Yannick retrouve la parole, puis explique qu’il “aime les chiens”, et plutôt les molosses à en juger par l’aspect très massif des animaux. Des “bâtards” toutefois non catégorisés chiens dangereux.

“Il y a des bâtards plutôt caniche, et il y a des bâtards plutôt pitbull n’est-ce pas… Je vais vous aider un peu, est-ce que vous souhaitez enfin vous excuser auprès des victimes ?” questionne la présidente. “Ouais, en gros” répond à voix basse le prévenu, sans jeter un regard en direction des deux femmes qui se déclarent encore traumatisées près de deux ans après l’agression canine.

Elle saute dans la rivière pour échapper aux chiens

Le procureur de la République s’y reprend à plusieurs fois pour être bien sûr de la réponse de Yannick, capitale selon lui.

“Avez-vous enfin pris la mesure de la dangerosité de vos chiens ?” répète-t-il au prévenu, qui répond à deux reprises par la négative. L’une des victimes, voisine du prévenu, explique qu’elle n’ose plus aller à la plage car elle ne sait jamais “si il y aura ses chiens”, lesquels sont connus pour leur agressivité dans tout le quartier, où ils ont déjà menacé des voisins et tué un chat.

Le procureur qualifie cette victime de véritable miraculée, car les crocs du chien n’ont, par chance, pas atteint la carotide. Elle n’a dû son salut qu’à son idée de sauter dans la rivière toute proche pour s’y réfugier.

“Il a mis un panneau “chiens méchants” et il s’est annexé toute la partie située devant chez lui” dénonce l’avocat des parties civiles avant de réclamer à nouveau l’euthanasie des deux chiens mordeurs, “il fait régner la terreur”.

Le procureur insiste encore sur le fait que l’une des victimes “est passée très près de la mort” et observe que Yannick n’a pas pris conscience de la gravité de ses actes, ou manquements.

Il demande à la cour d’appel de confirmer la peine de première instance, d’interdire au prévenu “définitivement” la possession de chiens de catégories 1 et 2. Mais aussi “l’euthanasie des chiens par l’autorité administrative”.

Si la défense reconnaît que Yannick est le propriétaire des chiens, elle affirme qu’au moment des faits les apparentés molosses étaient sous la responsabilité du beau-frère du prévenu, Manea, qui les “avait pris à son insu”.

L’avocat estime donc que c’est le beau-frère qui devrait répondre des blessures involontaires infligées. Le tribunal rendra sa décision le 2 février 2023.