JUSTICE – Condamné pour avoir “oublié” de retourner en prison

Le procureur explique que les détenus qui se font voler les vélos de la prison pendant leurs permissions sont de plus en plus nombreux...
Le procureur explique que les détenus qui se font voler les vélos de la prison pendant leurs permissions sont de plus en plus nombreux... (Photo archives LDT)
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Le prévenu comparaît pour évasion. Le 10 février 2023, la possibilité de sortir du centre pénitentiaire de Tatutu sous un régime de semi-liberté est pourtant toute récente pour lui. Depuis le 3 février, il peut, de sept heures à douze heures, aller chercher du travail pour préparer sa sortie prévue en août 2023. Seulement ce jour-là, il ne rentre pas et ne prévient personne. C’est une semaine plus tard, le 17, qu’il est finalement interpellé et ramené en cellule. Il était tout simplement en famille chez sa mère à la presqu’île.

Il s’évade déjà en 2019

Le prévenu, pourtant incarcéré, semble fraîchement sorti du barber-shop. Il ne peut pas dire qu’il ne connaît pas la justice, la prison, la détention, la loi. Le tribunal rappelle son parcours et son casier : 19 condamnations en dix ans. Une première peine de prison ferme en 2014, alors qu’il est encore mineur. Depuis, des vols, de la violence, des dégradations, un délit de fuite, un acte de rébellion, des outrages… il a tout essayé. Il a même déjà “oublié” de revenir lors d’une précédente permission en 2019, condamné à huit mois de plus à l’époque. “Votre comportement en prison vous a déjà aussi privé de certaines réductions de peine” dit le président du tribunal.

Pour le 10 février, il s’explique : il est parti à vélo, vélo prêté par la prison aux détenus en semi-liberté. Mais ce vélo, on l’a volé. Il fait alors du stop et se fait déposer chez sa mère à Taravao. “Pourquoi vous n’avez pas prévenu ?” demande le président : “J’ai voulu appeler pour dire que je serais en retard, mais ça n’a pas répondu”. Sept jours pour un retard, ça semble être beaucoup pour le président du tribunal.

Ce vol de vélo, un curieux hasard

Le procureur explique que les détenus qui se font voler les vélos de la prison pendant leurs permissions sont de plus en plus nombreux… Il fait référence à une ancienne affaire similaire pour laquelle le prévenu s’en était alors sorti avec cette excuse. Depuis, les vols de ces bicyclettes fournies par l’administration pénitentiaire semblent étrangement se multiplier. “Vélos ou pas vélos, on ne met pas sept jours à réintégrer la prison”.

Pour son avocat, c’est suite au choc émotionnel provoqué par les retrouvailles avec ses proches que le prévenu panique et ne rentre pas ce jour-là. Il est aussi heureux de partager de précieux moments avec sa compagne, qui depuis près d’un an n’a toujours pas obtenu de droit de visite. “Une injustice” pour l’avocat. Il dit aussi que le jeune homme a profité de sa semaine de liberté pour déposer un CV dans un magasin de Taravao. Il demande au tribunal de ne pas rajouter de prison ferme à son client, libérable en août 2023. Ce sera 2024, car le tribunal le condamne à 8 mois de prison supplémentaires.

Compte-rendu d’audience : Y.P