Justice – “Je m’excuse auprès de toutes les femmes”

Le prévenu a obtenu ce qu'il voulait : retourner en prison... (Photo archives LDT)
Le prévenu a obtenu ce qu'il voulait : retourner en prison... (Photo archives LDT)
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Bruno, (prénom d’emprunt), la trentaine fraîche, est jugé pour la 2ème fois en moins de 10 mois. Après s’en être pris à sa compagne en mai 2022 et avoir été condamné à du sursis, il recommence le 20 février. La raison est la même, dit-il. Short et T-shirt gris, le regard fixe sur le mur en face de lui, sans un coup d’œil aux magistrats, il s’explique. Il pense qu’elle le trompe. Il est jaloux, possessif, il la surveille et l’empêche parfois de sortir.

Et puis il y a le parrain. Est-il vraiment l’amant de sa jeune compagne ? Personne ne confirme ou ne dément la rumeur. Amant ou pas, ça n’a pas d’importance tant la scène de violence s’étale ce jour-là. Elle est partie à la plage avec un de leur fils. Le petit bonhomme a un ami de son âge, le fils du parrain. C’est donc pour que les enfants jouent ensemble, explique-t-elle, qu’elle se rend chez le parrain après la baignade.

Seulement Bruno n’est pas de cet avis. Pour lui, elle utilise leur enfant pour se rapprocher du potentiel prétendant. C’est d’ailleurs en posant des questions à son garçon de huit ans, que l’enfant répond : “maman a discuté avec parrain”. Il est 18h30. Une nuit sous une pluie de coups, débute.

Des ecchymoses sur toutes les parties du corps

Les premiers coups-de-poing partent dans une voiture à l’arrêt sur un parking, non loin de leur maison. Après plus de deux heures dans le véhicule à subir les premiers assauts, des coups sur le visage, dans les bras et les jambes, c’est dans la maison que la jeune femme continue d’être prise pour un sac de frappe. La mère de la victime, voisine, entend tout.

Elle supporte alors de longues heures “les hurlements” de sa fille avant d’appeler les gendarmes à six heures du matin, quasiment douze heures après la première claque. Au final, une interruption temporaire de travail (ITT) de 7 jours et des ecchymoses sur tout le corps pour la jeune femme.

C’est au milieu de la famille que la jeune victime est installée dans la salle. Frères et sœurs, amis, cousins de la victime et du prévenu tous rassemblés. Le clan est toujours uni. Elle s’avance alors à la barre et déclare : “Je veux retirer ma plainte, il manque à notre enfant”.

Le procureur l’interroge : “Vous voulez vous remettre avec lui ? Où vous voulez qu’il voie son enfant ? Ça n’est pas la même chose.” Elle dit alors que c’est pour l’enfant qu’elle ne veut pas le voir emprisonné, mais que son couple, c’est terminé. Le procureur demande une peine de 10 mois de prison, dont 4 avec sursis. Puisqu’il n’est plus question de couple, il demande aussi à ce que soit prononcée une interdiction de contact, sauf pour voir l’enfant.

L’avocat présente un jeune homme intelligent, sincère. Une jalousie excessive oui, mais après quatre jours de détention provisoire, les premiers de sa vie, il a fait son mea-culpa. “Il s’est pris un sacré choc” clame la défense. Un choix de mot un tantinet maladroit peut-être, car les chocs, c’est la jeune maman qui a dû les encaisser.

Il est condamné à 8 mois de prison, dont 4 avec sursis. L’interdiction de contact est validée par le tribunal, le président propose au prévenu de conclure l’audience : “Je m’excuse auprès de ma concubine, et auprès de toutes les femmes.”.

Compte-rendu d’audience YP

Ivre, il veut éviter un chat : 3 mois d’hôpital 

Le prévenu, la quarantaine, t-shirt noir et jean’s trop large comparaît pour alcool au volant. Dans les faits, au guidon. Il doit aussi répondre du délit de conduite sous l’emprise de stupéfiants. Du paka. C’est le visage marqué, apparemment touché sur le côté droit  du corps et boitant, que le prévenu, boulanger à temps partiel, avance à la barre.

On comprend vite que les séquelles qu’on devine à sa lente démarche, il se les est lui-même infligées. En effet, pas de contrôle ce soir-là, pas d’autre victime de l’accident. C’est seul, “pour éviter un chat” dit-il, qu’il chute lourdement à scooter. Avant même l’arrivée d’un seul gendarme, il est déjà puni : 3 mois d’hôpital.
Les analyses effectuées aux urgences révèlent la présence de THC, mais le procureur insiste sur “un taux extraordinaire”. Sans oublier 2,2 grammes d’alcool dans le sang. A se demander si c’était un chat ou un éléphant rose. Ce qui est dérangeant pour le ministère public, c’est le casier du prévenu. C’est sa 4ème infraction routière. Il demande 3 mois de prison et 40 000 F d’amende. 

“Vous avez vu l’actualité avec l’affaire Palmade ?” demande le juge. Le prévenu acquiesce. “Si il y à un mort en face, c’est dix ans” conclut le tribunal, qui le condamne à 3 mois de prison et 30 000 F d’amende. Une peine aménageable par le juge d’application des peines.