MMA – Flore Hani et Julian Schlouch, victorieux à l’OFL#1

Enfin devant son pubblic, Flore Hani en a profité pour montrer toute l'étendue de son talent ! (Photo : Wendy Cowan)
Temps de lecture : 5 min.

Grandiose ! Cela pourrait suffire à décrire cette première édition de l’Octo Fighting League, qui s’est déroulée hier soir, vendredi 17 mars, au parc Vairai. Un show de qualité, offert par des combattants survoltés. Pour rappel, il s’agissait de la toute première soirée de MMA professionnel en Polynésie. L’occasion pour certains d’étoffer leur palmarès au niveau amateur, et pour d’autres, l’opportunité de se faire remarquer aux portes d’une potentielle carrière professionnelle.

Une soirée qui débutait par de beaux combats entre Tahitiens. Antonin Harris et Moehau Dimier ouvraient le bal de la plus belle des manières : un combat propre et évoluant crescendo. Plus  dominant, Moehau s’assurait la victoire en alliant parfaitement jeu au sol et “striking” debout.

Deuxième combat de la soirée, Abdel Nouya activait son compteur de victoire face à Keanu Sangue. Une amenée au sol, suivi d’un contrôle parfait de son adversaire, et d’un “Rear Naked Choke” (étranglement depuis le dos) auront suffit à Abdel pour finir son adversaire avant le temps règlementaire.

Dans la troisième rencontre, Lorenzo Avvenenti n’a laissé aucune chance à son opposant Jason Ateo. Un contrôle au sol sans faille, sublimé par une finition  “Arm Triangle” : une master class de jiu jitsu brésilien offerte par le jeune Polynésien, signant ainsi sa première victoire amateure.

Résultat mitigé, voir controversé, en revanche pour le quatrième combat, opposant José Teiva à Shawn Lihault. Les deux combattants étant au coude à coude lors du premier round, Shawn prit cependant l’ascendant au travail au sol et dans certains échanges debout lors des deux derniers rounds. Toutefois, selon les juges, aucun coup significatif n’a été observé durant ces deux rounds et à l’unanimité José Teiva était déclaré vainqueur.

Pour le cinquième combat de la soirée, opposition de style entre la boxe affutée de Enoha Tauraatua et la lutte de Hamatanui Tautu. Trop souvent inquiété en boxe lors du premier round, Hamatanui optait pour un combat au sol et des frappes au corps rapprochées. Rien d’inquiétant pour Enoha mais suffisant pour remporter la victoire par décision partagée.

Moehau Dimier a donné le ton de la soirée lors du premier combat ! (Photo : Wendy Cowan)

Une « Main Card » de haut vol 

Ils l’avaient annoncé : “ce sera la guerre !” Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça l’a été. En effet, les combats amateurs franco-tahitiens ont su galvaniser la foule. Une qualité technique dans les deux camps qui n’a pas laissé indifférent le public, qu’il soit connaisseur ou non.

Dans la première rencontre, le Niçois Théo Murris a fait parler sa fougue et la qualité de son “grappling”, face à un Taramu Tinirau pourtant en grande forme. Tout en maîtrise, le jeune Français s’est imposé avec la manière, laissant peu d’occasions à Taramu de s’exprimer en le maintenant dos au sol. Une victoire logique, la France menait 1- 0.

Ils étaient très attendus, Ibrahima Wade et Raimana Tunoa ont répondu présent. Lutte, jiu jitsu brésilien, “striking“,  tout y était lors de cette deuxième rencontre de la “main card“. Une première partie de combat largement à l’avantage de Ibrahima, qui a su imposer son jeu. Il aura fallu attendre un sursaut d’égo de la part de Raimana pour voir la situation s’inverser en deuxième période. Des frappes lourdes des deux côtés, mais un ascendant certain de Ibrahima au sol, lui a permis de s’imposer ce soir là. 2 – 0 pour la France.

Ils nous l’ont promis et ils nous l’ont donné : La guerre ! Ibrahima Wade s’est imposé devant un grand Raimana Tunoa !
(Photo : Wendy Cowan)

Autre affiche qui a suscité beaucoup d’attentes du public : Julian Schlouch contre Tony Di Gasparro. Les deux hommes, d’une sérénité déconcertante, ont livré un combat digne des meilleurs. Le Tahitien, au fur et à mesure des minutes, trouvait le rythme et imposait son jeu. Tony n’était cependant pas en reste, avec notamment une très belle qualité de frappe. Au bout des 3 x 3 minutes, c’est finalement Julian qui l’emportait.

“Je suis satisfait de ma performance. Dommage que le sol était vraiment glissant, je pense que cela nous a empêché de nous exprimer pleinement. Après j’ai eu le retour du public, ça m’a fait plaisir. Et cerise sur le gâteau, le champion Cédric Doumbé a particulièrement apprécié ma performance, selon ses propres mots au micro…Trop top ! Ça fait chaud au coeur !” confiait Julian Schlouch, soulagé de ramener la première victoire tahitienne face aux Français.

Incisif et précis, Julian Schlouch a infligé à Tony Di Gasparro sa première défaite en amateur ! (Photo : Wendy Cowan)

Et enfin, le clou du spectacle, la rencontre opposant Flore Hani à la redoutable Annabel Merlier Lemoine : le tout premier combat professionnel de MMA organisé en Polynésie. La Tahitienne, dont les exploits à l’international ont rythmé l’actualité sportive locale durant des années, a enfin pu combattre devant son public. Et en face, que demander de mieux qu’une experte en jiu jitsu brésilien pour assurer le spectacle ? Les deux femmes ont démontré avec élégance pourquoi elles concouraient en catégorie professionnelle : une science du combat à toute épreuve, des frappes appuyées mais précises et une technique au sol irréprochable.

Un combat éprouvant de 5 x 5 minutes, durant lequel Flore Hani a su répondre avec brio aux tentatives de “take down” (amenée au sol) de Annabel Merlier Lemoine. Profitant ainsi de ses années d’expérience pour construire et imposer son jeu au fil des rounds. Victoire de la championne polynésienne, qui tenait toutefois à saluer la classe de son adversaire en fin de rencontre : “Merci à elle d’avoir accepté le combat. J’ai hélas raté ma pesée, je m’en excuse. Et elle a quand même accepté de m’affronter. Malgré la pesée, malgré le décalage horaire, malgré le climat qui n’est pas le même…merci à elle !”  

Au-delà du résultat, Flore Hani a surtout savouré l’opportunité d’affronter une adversaire de ce calibre, connue pour son immense bagage technique au sol : “Je suis très contente. Nous avons combattu en 5 rounds et c’est un format qui me plaît d’avantage. Je suis plutôt un “diesel” comme on dit, et ça s’est vu, je n’ai commencé à m’imposer qu’au troisième round. C’était un combat très intéressant pour moi car mon adversaire avait un gros “background” de jiu jitsu brésilien. L’occasion de tester mes défenses au sol. Après avoir passé des années aux Etats-Unis, à m’entraîner avec des grapplers de haut niveau, aujourd’hui le résultat est là.

Une victoire de plus pour Flore Hani, mais une victoire surtout pour le MMA féminin et la condition de la femme en général dans la société : “Oser se lancer dans le MMA, c’est comme se lancer dans tout : c’est réussir à s’affirmer. C’est se donner la confiance nécessaire de faire des choses qu’on aurait peut être pas oser faire dans d’autres circonstances. Je pense qu’ici au Fenua, beaucoup trop de filles s’effacent. Le MMA permet de prendre confiance en soi, de trouver de l’assurance et de s’imposer dans la vie, tout simplement” déclarait Flore, dont la prestation à cette soirée a sûrement dû en inspirer plus d’une.

Clap de fin pour ce premier évènement de l’Octo Fighting League, mais Enzo Brigato, co-organisateur de la soirée, donnait déjà rendez-vous au public polynésien : “Nous avons déjà commencé à travailler sur la prochaine édition. Nous avons déjà notre “main card”, donc restez connectés, on revient très bientôt !