Journée de la tuberculose : “Cette maladie est un problème de santé publique à prendre au sérieux”

La tuberculose est toujours présente au fenua. (Photo : Direction de la santé)
Temps de lecture : 3 min.

Alors que le nombre de morts dû à la tuberculose remonte en Europe, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de personnes infectées en Polynésie ne diminue pas et reste proportionnellement trop important. C’est le constat du Dr Nguyen Ngoc-Lam, chef du service de consultation des maladies infectieuses et tropicales à la Direction de la santé.

Plusieurs centaines de personnes infectées

En 2022, on recense 56 nouveaux cas de tuberculose, 3 décès ; nous sommes en mars et nous comptabilisons déjà 13 cas” indique le Dr Nguyen Ngoc-Lam. Pour ce spécialiste des maladies infectieuses, la situation est à prendre au sérieux car plus préoccupante qu’elle n’y paraît. “En réalité, il faut multiplier par 10 le nombre de cas détectés pour avoir le nombre de personnes infectées par le germe. Il y a donc plusieurs centaines de personnes potentiellement malades et c’est cette partie cachée de l’iceberg qui nous pose problème”poursuit-il. “Il faut réaliser des dépistages, traiter les personnes à risque… c’est une des missions de mon confrère le Dr Jérôme Debacre”.

Pour le Dr Nguyen, la tuberculose est un problème de santé publique au fenua dans la mesure ou, depuis une vingtaine d’années, non seulement le nombre de cas ne diminue pas mais est proportionnellement plus élevé qu’en métropole. “Nous avons un taux de 20 cas pour 100 000 habitants en Polynésie contre 10 cas pour 100 000 habitants en France métropolitaine” précise le taote. 

Des souches résistantes

Difficile d’expliquer pourquoi exactement une telle différence de prévalence. Les causes de la maladie sont multifactorielles. Entrent en jeu les conditions socio-économiques, les qualités de l’habitat, la promiscuité, l’immunité individuelle, collective… mais aussi la nature du germe :“ Depuis 2015, on a des souches résistantes qui se propagent et nous n’arrivons pas à les bloquer (…) les solutions existent mais sont en phase de recherche” souligne le médecin spécialiste. 

Il faut savoir que, lorsque la maladie est déclarée, le traitement est long (jusqu’à 6 mois) et fastidieux (quotidien) d’où l’importance d’éradiquer cette affection. Elle est contagieuse et non immunisante (elle peut s’attraper plusieurs fois).

Enfin, elle est mortelle lorsqu’elle est détectée trop tard. Il est donc important de voir un médecin lorsque les symptômes suivant se manifestent : une toux persistante, une fatigue depuis plus de deux semaines sans aucune raison, de la fièvre, une perte de poids, lorsque l’on crache du sang … Ces signes peuvent être ceux d’une autre maladie mais, quoi qu’il en soit, il faut consulter.

Le nombre de morts dû à la tuberculose remonte en Europe, selon l’OMS

Après deux décennies de recul ininterrompu, le nombre de morts dues à la tuberculose remonte en Europe, a mis en garde vendredi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

En 2021, la maladie pulmonaire a tué 27 300 Européens, contre 27 000 l’année précédente, selon ses dernières données disponibles. Avec respectivement quelque 4 900 et 3 600 décès estimés, la Russie et l’Ukraine sont les pays les plus touchés.

Un chiffre en hausse selon l’OMS en raison d’un relâchement des diagnostics pendant les confinements liés au Covid-19 ainsi qu’à la diffusion d’une tuberculose résistante à un antibiotique indiqué contre la maladie.

C’est la première fois en vingt ans que la tendance à la baisse s’inverse, selon l’OMS.

A travers les 53 pays de la zone de l’OMS Europe qui couvre aussi l’Asie centrale, quelque 230 000 personnes ont contracté la tuberculose, causée par une bactérie qui s’attaque principalement aux poumons – un total qui reste lui à la baisse par rapport aux années précédentes.

En outre, la prévalence de la tuberculose résistante aux médicaments a également largement progressé, avec un cas sur trois de tuberculose résistante à la Rifampicine en 2021.

A l’échelle mondiale, l’OMS s’était déjà inquiétée en octobre de la hausse, là aussi pour la première fois depuis plus de vingt ans, des nouveaux cas de tuberculose dans le monde en 2021.

Quelque 10,6 millions de personnes ont développé la maladie sur la planète cette année là, selon ses données.

cbw/map/mm/ial/ © Agence France-Presse