Il y avait effervescence, lundi 3 avril en soirée, dans la salle de l’Alhambra : Christian Lebon animait la finale de son “Tremplin des talents”, dont le jury était présidé par l’inoubliable Charles Dumont, avant d’offrir une pléiade d’artistes invités, dont Eddy Kelly, le chanteur polynésien, compositeur et plus.
A Tahiti, on connaît bien Christian Lebon et son association qui, depuis plusieurs années, viennent au fenua pour dénicher des talents en matière de chanson, pour les inviter ensuite à la disputer la finale parisienne.
Cette année, pas de candidat polynésien (années Covid obligent) mais sept candidats, dont six étaient sur la scène de l’Alhambra, ce music-hall situé à deux pas de la place de la République à Paris. Dans la salle, un public déjà conquis et, surtout un parterre de professionnels ou anciens du monde des spectacles, de la télévision et de la chanson qui ont ovationné debout le président du jury, Charles Dumont (tout juste 94 ans), célèbre compositeur de chansons d’Edith Piaf (“La Foule” etc.) et interprète lui-même. Juré aussi, Arnaud Askoy, sosie de Jacques Brel.
Soumis en première partie à ce panel, une chanteuse belge, des Français, un Capverdien, un Sénégalais (en vidéo) se sont succédé sur scène dans des styles extrêmement variés, ce qui démontre en passant le souci que Christian Lebon a pour favoriser l’éclectisme dans le domaine vocal. Finalement, c’est le compositeur-interprète Mozaya, qui a remporté le trophée cette année.
Dénicheur de talents depuis trente ans, Christian Lebon les encourage aussi en les invitant sur des scènes ou dans le studio de sa radio Arts Mada. Il a même fait venir une chorale de jeunes de Vernouillet (Eure-et-Loir), un artiste sénégalais joueur de cora, des anciens de “The Voice”, de la téléréalité comme Bruno Moneroe, Michael Serva (lauréat de la finale des Voix des Outre-mer 2022) ou encore Vanille (fille de Julien Clerc) et surtout le Polynésien Eddy Kelly. “Nous n’avons pu nous rendre en Polynésie depuis cinq ans, mais je tenais à le faire venir. Et je me suis promis de revenir au fenua dès que possible” a commenté Christian Lebon.
Sosies de Brel et de Trenet
Alors, oui, Eddy Kelly, qui chante depuis tout petit, mène sa pirogue à Paris depuis maintenant trois ans, après s’être révélé grâce à un CD puis sa participation à la comédie musicale sur la légende du uru. On l’a vu aussi dans la fiction télévisuelle “La dernière reine de Tahiti” dans le rôle de Teva et sa toute dernière vidéo “D’en faire notre paradis” l’ont fait davantage connaître.
Sa formation au Method Acting Center de Paris et avec Christophe Cochard, comédien et metteur en scène, va lui permettre justement de se spécialiser dans la comédie musicale inspirée de deux contes chinois. “Le 13 mai prochain je devrai jouer le rôle principal d’une nouvelle comédie musicale, L’élixir d’éternité” révèle-t-il, alors qu’Arnaud Askoy, le sosie de Brel, s’approche pour parler Marquises.
“C’est une suite de rencontres, résume-t-il. Je me suis mis à chanter Jacques Brel et puis j’ai appris que son bateau était en réparation en Belgique. Et c’est à l’issue d’un concert que Jean-Bernard Bonzon s’est présenté en me disant qu’il avait rénové l’avion de Brel, “Jojo”. Je l’ai mis en contact avec les gens du bateau. Puis nous sommes tous partis aux Marquises en octobre 2019. J’ai eu la chance de rencontrer de gens qui ont connu Jacques Brel. Aujourd’hui, quand je chante “Les Marquises”, je sais de quoi je parle !”. Arnaud Askoy continue ses tournées en France et sera à l’Olympia en octobre prochain.
Artistes débutants, artistes chevronnés, mais surtout interprètes passionnés, c’est le terreau depuis une trentaine d’années l’association de Christian Lebon, lui-même sosie et interprète remarquable de Charles Trenet. Avec son fidèle Anthony Dumas, il organise concours, spectacles et diffusions radio de talents vocaux qui brûlent de devenir artistes reconnus. La tâche est d’autant plus rude, confie Christian Lebon, que le climat actuel n’est guère favorable en matière de promotion de talents : pas de sponsors, pas de prise de risque de lancer un jeune artiste, en bref, pas de prise de risque.
Eddy Kelly a déjà le pied à l’étrier, il en veut et sa palette artistique se colore de plus en plus. Souhaitons-lui de devenir une vraie référence artistique polynésienne hors de son fenua.
Ph. Binet, correspondant de Paris
