Le président Brotherson à l’écoute des associations à Paris

Il a été décidé en pré-conseil des ministres, ce lundi 17 juillet, que Moetai Brotherson devait se rendre en Nouvelle-Calédonie, lors de la visite du président Macron sur Caillou (Photo : Présidence)
Il a été décidé en pré-conseil des ministres, ce lundi 17 juillet, que Moetai Brotherson devait se rendre en Nouvelle-Calédonie, lors de la visite du président Macron sur Caillou (Photo : Présidence)
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Avant de retrouver le fenua vendredi 9 juin, Moetai Brotherson a tenu à rencontrer les diverses associations d’entraide, d’étudiants ou culturelles qui remplissent leurs missions du mieux qu’elles le peuvent, toutefois sur des chemins semés d’obstacles, d’ornières et autres blocages parfois décourageants. Un état des lieux que le président va s’efforcer de solutionner, a-t-il affirmé.

Représentantes des étudiants et de l’association Te Ramepa ora (Nini Barnouin-Topata) et le Pasteur Hioe. (Photo Philippe Binet)

Autour de la table de la salle de réunion de la Délégation de la Polynésie française, boulevard St-Germain, l’un après l’autre, les représentants de Pacifique France Association (événementiel commercial et culturel), A Tauturu ia na, Te Ramepa Ora et AAPF pour les malades, le pasteur Nelson Hioe, ainsi que l’AEPF Paris (étudiants) et un commerçant polynésien en métropole, ont longuement expliqué les difficultés de tous ordres qu’ils rencontrent.

Cela va des tracasseries administratives dues au fait des différents systèmes de santé et d’assistance (CPS vs Sécurité sociale), au manque d’effectifs pour accompagner les malades en résidence en France et leur défraiement insuffisant ou absent. Quand ce n’est pas la différence de statut entre les visiteurs à l’hôpital agréés et non agréés (qui font les mêmes types d’intervention) et l’abandon de malades sans famille sur place et dépourvus de savoir-faire en matière de formalités…

L’Association des Amis de la Polynésie française a mentionné que de son côté, elle avait réussi à obtenir un fonds bancaire pour venir en aide à des Polynésiens en difficulté. La liste était longue et l’on s’est aperçu que ce n’était pas le premier bilan fait à un président du Pays se disant à l’écoute et promettant de “remonter” le sujet vers ses ministères. En cause l’inertie, la jungle des textes juridiques et les statuts de certains intervenants dans la chaîne Papeete-Paris à revoir. Un vrai casse-tête récurrent.

René Desbiolles (AAPF) : “nous avons pu avoir un fonds pour gérer certains cas d’urgence personnels.”

Côté étudiants, ce n’est guère mieux : problèmes d’agrément de crédits bancaires selon le lieu ou la banque. Problème du logement et du changement de logement lorsque l’on postule à un autre établissement universitaire hors de son site actuel. On a aussi demandé à ce que les étudiants, en fin de cursus en France, puissent à l’avance être informés des postes de travail ouverts à leur niveau dans les administrations et entreprises locales. Ceci afin qu’ils soient sûrs de trouver du travail au fenua plutôt que de rester en France.

La nécessité d’un réseau d’informations sur les débouchés, tout comme sur les démarches, est à mettre en place ou, pour l’existant, à amplifier. Enfin, on a vanté le système néo-calédonien d’entraide et d’information dont la Polynésie aurait pu s’inspirer largement.

On a noté également, le souhait d’une association d’obtenir aide et création de liens commerciaux pour développer ses activités en France qui associent culture et productions locales. Le réseau associatif polynésien en région est très dense par rapport à la région parisienne. De nombreux événements sont organisés (soirées, expositions, épreuves sportives, participation à de grandes manifestations comme récemment Le Grand Pavois de La Rochelle ou encore le dernier Vendée Va’a) qui sont autant d’occasions de mettre en valeur le fenua et ce, pas seulement avec les outils de communications dématérialisés de Tahiti Tourisme ou d’Air Tahiti Nui. Autrement dit, cette association veut une promotion globale du fenua et non seulement touristique.

Teva Pani (à droite) pour A Tauturu ia na et Tea Paraurahi (centre pour Pacifique France Association).

Après avoir longuement écouté les doléances, Moetai Brotherson a rappelé qu’il connaissait déjà la plupart des problèmes évoqués et qu’il promettait à son tour d’intervenir en créant un groupe de travail CPS, Ministère de la Santé et associations venant en aide aux malades afin d’en sortir. “Faudra pas cacher les choses !” a-t-il lancé.

Mais la solution semble déjà être partiellement dans les tuyaux. Moetai Brotherson a conclu par une annonce. “J’ai écouté tous les sujets qui les concernent, aussi bien nos étudiants que nos malades et même le tissu économique qui se construit ici avec des entreprises dirigées par des Polynésiens ou nos entreprises locales qui veulent venir se positionner sur le marché européen. Nous avons discuté de tout cela et de la manière dont on peut articuler de façon efficace l’action du gouvernement en partenariat avec les associations et sur un pivot qui me paraît essentiel : c’est le 28, boulevard St-Germain. Cette Délégation à laquelle je vais confier de nouvelles missions pour pouvoir jouer pleinement ce rôle de charnière entre le gouvernement, les différents ministères, les différentes institutions, les partenaires comme les communes en France et les conseils régionaux ou les chambres de commerces, etc.”

Ph. Binet, Correspondant de Paris.

Vers une nouvelle délégation ?

A plusieurs reprises, dans ses premières réponses, le président a clairement fait savoir que les problèmes métropolitains évoqués doivent pouvoir être recensés ou, selon le cas, traités en métropole. Autrement dit : par la Délégation. Une profonde réforme est donc annoncée avec changement de responsables et apparemment une restructuration en services et personnels. Le président révélerait très bientôt le nom de la personne qui succédera à Caroline Tang.

L’immeuble du boulevard St-Germain est depuis plusieurs années sous-occupé alors que par le passé on se prenait à l’appeler “ambassade de Tahiti” laquelle vivait de la présence de Tahiti Tourisme, d’Air Tahiti Nui (toujours sur place) et d’un service plus étoffé de la CPS, de diverses manifestations culturelles et associatives et même un moment d’une bibliothèque. Il faudrait lui redonner, non seulement une efficacité, un renom mais aussi une âme.