Nouvelle grue Cowan: le Port autonome maintient son refus au nom de “l’équité”

"Lorsque le Port autonome a donné son accord de principe l'année dernière pour la nouvelle grue, c'était pour qu'elle remplace la grue Cowan en panne" maintient Sébastien Lejeune, directeur adjoint du Port autonome de Papeete. (Photo : E.C)
"Lorsque le Port autonome a donné son accord de principe l'année dernière pour la nouvelle grue, c'était pour qu'elle remplace la grue Cowan en panne" maintient Sébastien Lejeune, directeur adjoint du Port autonome de Papeete. (Photo : E.C)
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“C’est une question de place sur le quai en zone sous douane, une question d’équité entre acconiers et surtout l’accord donné à la nouvelle grue était conditionné au démontage de l’ancienne” selon Sébastien Lejeune, le directeur adjoint du Port autonome en charge du développement et des études prospectives.

Selon Sébastien Lejeune, directeur adjoint du Port autonome en charge du développement et des études prospectives, il s’agit de respecter “le principe d’équité” entre acconniers mais aussi de “rationaliser” l’espace en zone sous douane. (Photo : Damien Grivois)

Rappel des faits. Depuis mi-janvier 2023, la société d’acconage J.A Cowan a réceptionné et monté en zone sous douane, au bout de Motu Uta, une nouvelle grue Liebherr 550. Mais cette grue mobile reste inactive depuis plus de cinq mois, faute d’avoir reçu son agrément de la direction du Port autonome. Lire notre article “Sur le port, une grue Liebherr de Cowan empêchée de fonctionner” (https://ladepeche.pf/2023/06/09/sur-le-port-une-grue-liebherr-de-cowan-empechee-de-fonctionner/).

“Le directeur du port, Jean-Paul le Caill, exige que nous démontions au préalable notre vieille grue Cowan qui a plus de 20 ans, et qui en effet était à l’arrêt en raison d’une panne” selon Mahinui Temarii, employé de longue date chez Cowan, avant de préciser que l’ancienne grue, finalement réparée, est de nouveau opérationnelle.

Le patron des Ets J.A Cowan et fils, Quito Braun Ortega, a “engagé plusieurs procédures judiciaires” contre les autorités portuaires devant le tribunal administratif. “Il a été débouté d’une première procédure en référé” selon le Port autonome.

De son côté, l’acconier explique que disposer de trois grues en activité est de plus en plus nécessaire face aux demandes des compagnies maritimes, pour des opérations de débarquement plus rapides. Il dit ne pas comprendre la position du Port autonome : “Franchement, on ne va pas acheter plus de grues que de besoin ! Nos cahiers des charges nous obligent à nous adapter. La compagnie maritime CMA-CGM nous demande de manutentionner leurs navires avec trois grues. La compagnie a écrit au gouvernement sur le sujet. (…) Leurs porte-conteneurs arrivent vers 6h pour repartir vers 22h le même jour. En trois vacations de quatre heures (12 heures de travail maximum), avec trois grues et trois équipes, nous manipulons, débarquement et embarquement, entre 600 et 900 conteneurs pleins et vides (environ 800 et 1200 EVP). Résultat, il nous faut louer à nos frais la grue d’un concurrent, ce dont nous demanderons remboursement. Il est faux de dire que c’est un problème de place…”

Le Port autonome maintient son refus

“Lorsque le Port autonome a donné son accord de principe l’année dernière pour la nouvelle grue, c’était pour qu’elle remplace la grue Cowan en panne” maintient Sébastien Lejeune. “Plusieurs mois après, Cowan a décidé de la maintenir en activité, c’est pourquoi le Port autonome refuse l’agrément pour la nouvelle”.

C’est donc, selon le directeur adjoint de Jean-Paul Le Caill, une manière de respecter “le principe d’équité” : deux grues pour Cowan, deux grues pour Sat Nui et deux grues pour Cotada qui vient d’ailleurs d’en réceptionner une flambant neuve. Mais aussi une question de “rationalisation” de l’espace.

“Les acconiers se louent des grues en cas de besoin, c’est ce qui se fait…” insiste Sébastien Lejeune qui estime que les moyens de levage et de manutention actuels sont bien proportionnés pour les 5 ou 10 prochaines années. “C’est oublier qu’à une époque, en 2015, Sat Nui disposait de trois grues…” s’irrite Quito Braun Ortega.

Selon le Port autonome, six grues mobiles sont suffisantes pour le travail des trois sociétés d’acconage. (Photo : Damien Grivois)

Enfin, interrogé sur le chantier de l’élargissement de la passe de Papeete, Sébastien Lejeune justifie le retard de plus de deux ans par des “contraintes budgétaires” mais assure que cette opération est bien “validée au schéma directeur”.

Des travaux ont déjà été réalisés afin d’augmenter la capacité des quais en terme de tirant d’eau, afin qu’ils puissent accueillir des navires de taille plus importante. Le Port autonome dit vouloir agrandir la zone des entrepôts et “optimiser le rangement” des conteneurs afin de passer d’un volume actuel de 90 000 conteneurs “équivalent 20 pieds” par an , à 200 000 conteneurs par an à terme.