Maheana Atapo, nouvelle ambassadrice du ‘ori tahiti : “que vive le reo tahiti”

Maheana Atapo est la nouvelle ambassadrice du 'ori tahiti 2023. Un bel accomplissement pour la jeune femme, qui a concouru aux côtés de Ori i Tahiti lors de ce Heiva i Tahiti 2023. (Photo : Vaiarii Mailion Photography)
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Elle est à la fois danseuse, mère de famille et professeure de technologie au collège Henri Hiro. Maheana Atapo est la meilleure danseuse de ce Heiva i Tahiti 2023. Loin de la scène et des paillettes, elle a accepté de nous partager son parcours autour d’un café noir et d’un vacherin à la fraise.

Accomplissement” et fierté” sont les mots utilisés par Maheana Atapo, nouvelle ambassadrice du ‘ori tahiti, pour décrire l’émotion victorieuse du Heiva i Tahiti 2023. Si, en coulisse, Maheana était “étonnement détendue“, sur scène, le réel enjeu était d’être évaluée par son professeure de ‘ori tahiti, Kehaulani Chanquy : “je sais que Kehaulani est difficile à convaincre. Il fallait que je dose ma chorégraphie à tous les niveaux afin que chaque membre du jury perçoit le ‘ori tahiti qui lui correspondait“, avoue-t-elle.  

(Photo : Vaiarii Mailion Photography)

Avec l’appui de Terauarii Piritua, le chef de troupe de Ori i Tahiti et de Alexandra Mervin, la chorégraphe, Maheana assemble la gestuelle de sa prestation en s’imprégnant du texte “Tei hea tu ra oe“, signé Tāne a Raapoto. Sous les projecteurs de Toa’ta, la danseuse a véhiculé un message : “ce qui représentera toujours un peuple, c’est sa langue. En tant que Polynésien, nous devons parler le reo tahiti, il faut se réapproprier notre langue maternelle. Peu importe si tu fais de la danse, de l’artisanat ou de la navigation traditionnelle, tout devrait passer par la pratique du reo tahiti“, explique-t-elle.

Ce trophée est la réalisation de tous les sacrifices et du temps passé à produire une prestation gagnante. “Il n’y a pas de plus grand titre sur toute la planète pour une danseuse que celui-là. C’est l’espoir pour toutes ces petites filles qui n’ont pas eu la chance de grandir dans le ‘ori tahiti. Ce titre représente la possibilité, ainsi que la confiance de mon chef de troupe“, dévoile-t-elle, émue par les souvenirs “inoubliables” du concours.

Maheana Atapo lors de la remise des prix du Heiva i Tahiti 2023. Elle est entourée de Natalia Louvat, meilleure danseuse du Heiva i Tahiti 2022 et de Teaniva Dinard, Mister Tahiti 2022. (Photo : Heiva i Tahiti)

Il n’y a pas d’âge pour pratiquer le ‘ori tahiti

Maheana n’a pas grandi dans la danse, comme la majorité des lauréates avant elle. À 7 ans, elle se souvient “de réfléchir à des gestes sur les mélodies du tahiti d’antan, avec son grand-père“. “Personne ne m’a initiée, j’aimais tout simplement le ‘ori tahiti”, nous précise-t-elle. Puis, au cours de son année de terminale, la jeune fille s’inscrit pour la première fois dans une école de ‘ori tahiti, Tevai, pour préparer son épreuve de danse au baccalauréat. 

En réalité, c’est bien plus tard, à 24 ans, que Maheana rejoint la troupe Hitireva, dirigée par Kehaulani Chanquy, et participe pour la première fois au Heiva i Tahiti 2016. “Tout était magique, c’était exceptionnel“, décrit-elle. Au sein du groupe, Maheana effectue ses “vrais” premiers pas dans le ‘ori tahiti. À force de curiosité, la danse traditionnelle prend un autre sens pour la jeune femme : “j’apprend énormément de chaque thème et de chaque expérience du Heiva. La danse me donne envie de connaître davantage ma culture et la profondeur de ce patrimoine”, confie-t-elle. D’ailleurs, Maheana s’intéresse particulièrement aux écrits de l’écrivaine Chantal Spitz. Une démarche ludique qui forge son enseignement sur sa propre identité culturelle.

Outre le ‘ori tahiti, cette passionnée s’adonne également à des activités sportives. Des randonnées au fenua ou à l’étranger, peu importe, c’est “l’émotion d’être proche de la nature” qui prévaut. Le quotidien de la jeune femme est rythmé par son métier de professeure de technologie au collège Henri Hiro de Faa’a. “J’ai trouvé un bel équilibre professionnel et personnel. J’aime où je me trouve actuellement et je ne suis pas prête de changer“, conclut-elle, le sourire aux lèvres. 

Photo de une : Vaiarii Mailion Photography

Les confidences de Maheana

Maheana aux côtés de son fils de trois ans, Hauterangi.
(Photo : LC)

Une personnalité polynésienne préférée ? 

Je n’ai pas une personnalité préférée, mais je pense notamment à Henri Hiro, Chantal Spitz ou encore Pouvana’a a Oopa. J’admire toutes ces personnes de l’époque et d’aujourd’hui qui prônent leur amour pour le peuple. Chacun d’entre eux est une source d’inspiration.”

Une musique préférée ? 

En ce moment, toutes les chansons de Ori i Tahiti pour le Heiva. Mon fils, Hauterangi, aime chanter le paoa hivinau.” 

Un plat préféré ? 

Le choix est difficile. C’est entre le poisson cru et les crêpes !” 

Une fleur préférée ? 

Le tipanier pour ses couleurs flamboyantes.”

Une cause qui te tient à cœur ? 

D’abord, l’environnement et la préservation de notre fenua. Puis, par rapport à mon cœur de maman et de professeure, c’est la jeunesse. Avec tous les visuels de bagarre et de drogue qui circulent sur les réseaux sociaux, je vois que certains jeunes ont du mal à trouver leur voie vers un chemin fleuri, coloré et en paix avec eux-mêmes et leur entourage.

Propos recueillis par Lana CHAINE