18 mois de prison pour avoir ravagé un Airbnb

Après une procédure de presque cinq années, un sexagénaire a été condamné, ce 7 novembre, à 3 ans de prison ferme avec mandate de dépôt, pour agression sexuelle sur sa petite fille, alors mineure au moment des faits. ( Photos : Archives LDT) (Photo archives LDT)
Après une procédure de presque cinq années, un sexagénaire a été condamné, ce 7 novembre, à 3 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, pour agression sexuelle sur sa petite-fille, alors mineure au moment des faits. ( Photos : Archives LDT)
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Le 28 septembre 2023, un multi-récidiviste excentrique était jugé en comparution immédiate pour avoir totalement dégradé une location saisonnière en guise de représailles envers sa compagne. Jean, 40 ans, au discours confus, déjà condamné 25 fois au cours des dix dernières années, a rejeté toutes ses fautes sur sa compagne, gérante d’un bingo clandestin. Il a été condamné, pour la 26e fois, à 18 mois de prison.

Le 19 août 2023, le responsable d’un petit ensemble immobilier de Mahina destiné à la location saisonnière a appelé les gendarmes lorsqu’il a constaté qu’un appartement avait été totalement dégradé. Le terme “dégradé” est faible, “tout ce qui pouvait être cassé dans l’appartement l’a été“, déclare l’avocate de la SCI propriétaire des lieux.

Plus d’un million de francs de dégâts

Luminaires, petit mobilier, vaisselle et électroménager, tout est brisé. Divers objets, même des meubles, sont jetés sur la plage ou dans la rivière voisine. Un ventilateur, une lampe de chevet et une chaise de jardin sont perchés dans un arbre. Comme si cela ne suffisait pas, l’homme en colère, mais méthodique, bouche un lavabo et ouvre le robinet à grande eau avant de quitter les lieux. Le sol de l’appartement ressemble à un pédiluve quand le responsable de la location arrive sur place le lendemain matin.

En plus de tout ce qui a été mis en pièces, il faut rajouter la rénovation quasi complète de l’appartement. L’inondation nécessite de changer tout le mobilier fixe dont les bases sont chargées d’eau, changer les plinthes, démonter les placards, le calvaire…

Les propriétaires louaient pour la première fois

L’avocate de la SCI s’adresse alors au tribunal et précise que cette toute jeune SCI, créée en janvier, louait ce bien pour la première fois. “Tout était neuf, tout a été détruit”.

L’homme est interpellé le lendemain alors qu’il revient sur les lieux. La location a été faite par sa compagne, la mère de ses deux enfants à qui il reproche toute la misère du monde. S’il vend du paka, c’est la faute de sa femme. Si plus personne dans le quartier où ils habitent ne peut plus le supporter, c’est la faute de sa femme. S’il est délinquant, c’est la faute du quartier, mais aussi un peu de sa femme. Il explique qu’il était énervé car il ne voulait plus retourner dans le quartier Estall. Quartier où, selon lui, vendre de la drogue est quasi obligatoire. Le président du tribunal s’étonne alors qu’il dégrade à ce point un appartement qui lui permettait de s’en éloigner.

Un bingo lucratif

Coup de billard en bande, le vandale oriente les gendarmes vers une salle de bingo clandestine gérée par sa femme, à qui il en veut, parce que… c’est de sa faute. Scène cocasse, le président du tribunal précise que lorsque les gendarmes ont contacté la tenancière, ils ont d’ailleurs distinctement entendu des gens crier des chiffres, et voilà le magistrat lisant le rapport : “des gens criaient le 4 ! 8 ! 12 !”.

En activité depuis quatre mois, ouverte sept jours sur sept de 12h à 19h, l’endroit rapporte quotidiennement entre 100 000 et 150 000 francs. La patronne de ce petit Vegas d’Arue, qui rémunère trois employés, prend 10% sur tous les gains.

“Merci, Monsieur le juge, bonne journée !”

Pour sa salle de jeu, l’épouse est condamnée à un an de prison avec sursis et 500 000 francs d’amende. Lui, à la fois enervé et souriant, est condamné à un an de prison ferme, auquel s’ajoutent six mois de sursis révoqués. Dans une dernière sortie confuse, il continue d’enfoncer son épouse en criant “Ce bingo-là marche toujours Monsieur le juge ! Merci, Monsieur le juge, bonne journée !”

YP