Black Friday : comment les petits commerçants et créateurs locaux s’adaptent ?

À Taravao, quatre professionnels partagent leurs points de vue, qui diffèrent selon les secteurs d’activité (Photos : ACL/LDT).
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La tendance américaine du Black Friday est désormais bien ancrée en Polynésie. Des “promos monstres”, c’est la promesse formulée par la plupart des grandes enseignes “noires de monde” en ce dernier vendredi du mois de novembre. Mais qu’en est-il des petits commerçants et des créateurs locaux ? À Taravao, où la coupure de courant a été de courte durée, chacun s’adapte selon son secteur d’activité et ses convictions.

“Des remises de -50% ou -80%, c’est impossible pour nous”

Chez Saltwater Family, marque locale de vêtements, c’est la stratégie de la Black Week qui a été adoptée. “On participe chaque année au Black Friday avec des promotions à -30 % sur les anciennes collections, mais aussi les nouvelles. On a commencé lundi et on continue jusqu’à samedi. L’équipe a été spécialement renforcée, avec une vendeuse supplémentaire et une stagiaire. On le voit : on a plus de passage et d’achats, surtout à partir du moment où on expose à l’extérieur. Avec l’inflation, en tant que petit commerce, on a vraiment été impacté au niveau des coûts de fabrication et de fret, donc le Black Friday, c’est incontournable pour nous, car ça permet à plus de monde de venir se faire plaisir”, explique Hia, en tant que vendeuse.

Les affichages se font plutôt discrets, comme chez Tehani, créatrice de bijoux et gérante de Haniavai Collection, qui a préféré communiquer sur Facebook pour écouler son stock actuel avant de sortir sa collection de Noël. Pour autant, les remises ne sont pas mirobolantes, et pour cause : “On propose -20% sur toute la boutique durant toute la semaine. C’est une offre qu’on réserve au Black Friday, car c’est déjà beaucoup à notre niveau. On ne peut pas baisser plus nos prix. Des remises de -50% ou -80 %, c’est impossible pour nous !”, confie l’artisane, qui rentre déjà tout juste dans ses frais.

Des offres alternatives

Chez d’autres, le principe du Black Friday est plus compliqué à mettre en œuvre, comme l’explique Natalys, gérante de la galerie Naty’Art. “Je n’avais pas prévu de suivre cette tendance. Finalement, j’en ai profité pour écouler un stock de jeux importés avant les fêtes de fin d’année avec des promotions ciblées sur trois jours. Mais c’est plus un prétexte, car je ne suis pas favorable au Black Friday : mettre des réductions sur les produits des artisans ou des artistes qui peinent déjà à équilibrer leurs tarifs par rapport au marché actuel, je trouve que c’est dévalorisant pour leur travail”.

Certains optent pour des alternatives, voire des contre-offres. C’est le cas de l’institut de beauté Vahine Minceur. “Cette année, on a décidé de faire le Black Friday, pas sous la forme d’un déstockage de produits invendus, mais à travers des box pour proposer des idées de cadeaux de Noël pour tous les budgets. En revanche, il n’y a pas d’offre sur les soins, car on ne peut pas se permettre de brader davantage nos prestations. Les années précédentes, on proposait plutôt un Green Friday, sans forcément casser les prix : on offrait une tasse de thé pour prendre le temps de discuter avec nos clientes”, remarque Aurore, en tant que gérante. En la matière, les sources d’inspiration ne manquent pas.