Sinistrés : le système D en attendant les aides

Au lendemain de la catastrophe, les opérations de nettoyage et de réparation se poursuivent à Hitia'a O Te Ra, où les habitants tentent de reprendre le cours de leur vie (Photos : ACL/LDT).
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Suite aux intempéries du jeudi 7 décembre 2023, plus de 260 maisons ont été inondées, selon le haut-commissariat. Hitia’a O Te Ra fait partie des communes les plus touchées.

“Ce n’est pas fini”

Au lendemain de la catastrophe, mardi 12 décembre, le nettoyage se poursuit. Au parc de la plage Atioropaa, à Hitia’a, une équipe missionnée par le service du Tourisme avait fort à faire entre la boue et les troncs charriés par la rivière voisine, qui ont cassé la clôture sur leur passage. Plus loin, à Tiarei, le service de l’Équipement était à pied d’œuvre pour évacuer des montagnes de terre. “Et ce n’est pas fini”, lance un agent.

Dans le quartier Faaiti, à Mahaena, peu de foyers ont été épargnés. Le va-et-vient des engins communaux en charge de la collecte de la boue, des déchets verts ou des encombrants est incessant. “On a perdu nos appareils électroménagers et nos matelas”, confirme Hinarii. “Ma maison est surélevée, mais l’eau est quand même entrée. On a nettoyé avec les moyens du bord, l’eau de pluie et le tuyau, mais la pression n’est pas forte. Les services sociaux, l’OPH et le gouvernement sont venus nous voir. Maintenant, on attend une aide”.

Des traces sur les murs et dans les esprits

Tandis que la pluie continue de tomber, les habitants tentent de reprendre le cours de leur vie. Mais la violence des intempéries a laissé des traces sur les murs et dans les esprits, comme chez Makiane. “On a eu de l’eau jusqu’aux cuisses : on voit encore les marques dans la maison. On a tout nettoyé, car il y avait de l’eau et de la boue partout. On a perdu notre machine à laver, des affaires de mes grands-parents et nos matelas. On a gardé les moins mouillés pour pouvoir dormir sur quelque chose, en attendant les aides. On espère pouvoir reconstruire notre maison sur pilotis pour ne plus angoisser à chaque forte pluie”.

Plus en amont dans le quartier, la terrasse de Diane a été emportée avec la berge qui recule dangereusement, tandis qu’elle multiplie les appels à l’aide auprès des autorités depuis plusieurs années.

“On aimerait construire ailleurs, mais où ?”

Solange aussi a perdu “beaucoup de choses” emportées par la rivière. “Mais on préfère rester sur place. On ne veut pas laisser notre maison sans surveillance”, remarque-t-elle. Son voisin, John, dont le modeste fare a été fragilisé par la montée des eaux, a accepté d’être relogé dans sa famille, à proximité. “On aimerait pouvoir construire ailleurs, mais où ? On n’a pas d’autre terrain. C’est dur de quitter cet endroit qu’on a toujours connu”.

Les pertes sont aussi agricoles, comme l’illustre ce champ de opuhi (ci-dessous), dont les tiges sont couchées à terre. Certains habitants nous ont également confié la perte d’animaux, noyés ou emportés par les eaux.

Un radier provisoire

Quant aux foyers isolés suite à l’effondrement du pont, un radier provisoire est désormais franchissable en 4×4, sous réserve de conditions météorologiques favorables. Selon le maire délégué en lien avec la Direction de l’Équipement, une passerelle pourrait être installée sous un mois, en attendant la reconstruction d’un pont.

Pour rappel, 100 millions de francs ont été débloqués par le Pays pour pallier les besoins urgents, tandis que le président Moetai Brotherson a annoncé un arrêté pour déclarer l’état de catastrophe naturelle.

Abel Tehotu, maire délégué de Mahaena :

“On est toujours en train de recenser les logements inondés”

“Le PCS (Plan Communal de Sauvegarde, ndlr) est toujours activé. Avec le service social et l’OPH, on est toujours en train de recenser les logements inondés, qui sont en attente d’aide. On continue les travaux sur le réseaux hydraulique : ça va mieux, mais encore 200 ou 300 foyers n’ont pas d’eau. Les pompiers continuent de remplir les cubis, mais ça ne suffit pas, donc on va essayer de trouver des contenants plus importants. Tout le monde est rentré chez soi ou hébergé, mais on a pris un arrêté pour fermer l’école Faretai cette semaine, car beaucoup d’enfants habitent le quartier isolé de Faaiti”.

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