Déplacement Etat/Pays à Moruroa : la France “ne lève pas sa surveillance” de l’atoll

La délégation a visité quelques vestiges de l'ancien Centre d'expérimentation atomique. (Photo HC)
Temps de lecture : 3 min.

Ce samedi 9 mars, une délégation composée du Haut-Commissaire de la République en Polynésie française, Eric Spitz, du Président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, des députés Mereana Reid Arbelot et Steve Chailloux, du Secrétaire général du Haut-commissariat, Xavier Marotel, du Contre-amiral Geoffroy d’Andigné, Commandant des Forces armées en Polynésie française (FAPF), des représentants de l’Assemblée de Polynésie française Hinamoeura Morgant-Cross et Heinui Le Caill, du chef du Département de suivi des centres d’expérimentations nucléaires, le Médecin-chef Anne- Marie Jalady, du Capitaine de corvette Aurélie Dumont, Chef de division du Centre d’expérimentation du Pacifique, et de représentants des associations Tamarii Moruroa, Office national des combattants et des victimes de guerre et Syndicat pour la défense des retraités (SDIRAF) s’est rendue à Moruroa.

La délégation du Pays en présence des autorités de l’Etat et de l’armée.

La délégation a débuté sa visite à bord du bâtiment de soutien et d’assistance outre-mer (BSAOM) de la marine nationale Bougainville par une présentation de la mission “Turbo” réalisée chaque année par les scientifiques du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), avec le soutien logistique des Forces armées en Polynésie française (FAPF).

Selon le communiqué du haut-commissariat, les participants ont pu observer les différents prélèvements réalisés à l’occasion de cette campagne de surveillance radiologique des atolls de Moruroa et Fangataufa. La visite s’est poursuivie avec un arrêt à proximité des deux puits de stockage de déchets avant la présentation du blockhaus de l’ancien Poste d’enregistrement avancé (PEA).

Ils ont également participé à une cérémonie d’hommage devant la stèle érigée en mémoire de Albert Pedebernarde, Rataro Toae et Petero Teputahi, décédés en septembre 1965 lors d’un
accident de forage au cours de la construction du Centre d’Expérimentation du Pacifique (CEP). “Malgré les recherches des autorités et des associations, les familles de ces trois personnes n’ont pas pu être identifiées pour se joindre à cette cérémonie” regrette Eric Spitz. Après une présentation du programme de surveillance géomécanique dont fait l’objet l’atoll de Moruroa, la délégation a visité l’abri FIL et l’abri sismographe servant à cette surveillance.

La surveillance géomécanique de Moruroa est permanente, assure l’Etat.

Après l’arrêt des expérimentations nucléaires françaises en 1996, la surveillance géomécanique des atolls de Moruroa et Fangataufa s’est poursuivie “selon les recommandations des experts de l’International Geomecanical Commission” expliquent les services de l’Etat. Elle repose sur le système automatique de télésurveillance Telsite, mis en œuvre par le CEA grâce au soutien logistique des Forces armées en Polynésie française.

Depuis 2018, Telsite s’appuie sur l’acquisition et la réception entièrement automatisées de mesures sur site, “transmises par liaison satellite continue au CEA, basé en métropole”. Ce système comprend un réseau de divers capteurs sismiques implantés en profondeur et en surface, de stations GPS et d’appareils de mesure du mouvement des différentes couches géologiques successives, “permettant de mesurer avec exactitude les plus infimes mouvements de terrain.”

“C’était d’important de montrer les travaux scientifiques que nous menons dans le cadre de la mission Turbo qui consiste à faire des prélèvements et à surveiller la stabilité de l’île” (…)” a déclaré le haut-commissaire Eric Spitz. “Ces équipements sont performants et sont appelés à durer dans le temps. La
France (…) ne lève pas cette surveillance et ne prévoit pas de lever cette surveillance.”

En cas de glissement d’un volume important de calcaires du massif (loupe) en zone Nord, Telsite “repère les signes avant-coureurs plusieurs semaines à l’avance grâce à ses différents capteurs”. Selon l’Etat, un tel phénomène générerait, sur l’atoll de Moruroa, “une vague pouvant atteindre jusqu’à 20 mètres de hauteur au droit de l’évènement ce qui provoquerai une montée des eaux de 2 à 5 mètres en zone vie de Moruroa”.

L’ensemble des mesures enregistrées est traduit en niveaux de risques sur une échelle de 0 à 3. Depuis la fin des essais nucléaires en 1996, “aucun mouvement significatif de l’atoll n’a été enregistré et cet indicateur a toujours été classé au niveau zéro depuis 1989″ tient à souligner le Haut-commissaire.

(Avec communiqué, toutes photos : Haut-commissariat de la République en Polynésie française)

Moruroa, l’atoll qui a permis à la France de se doter de l’arme nucléaire et d’intégrer le conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies.