Justice – Il frappe sa compagne à plusieurs reprises : deux ans de prison ferme

Le prévenu explique qu’il s’est énervé car il aurait compris que sa compagne le traitait de clochard: "J’ai pété un câble car c’est moi qui paies tout : le loyer, les courses et l’école de mon fils. Il y a toujours quelque chose avec elle. Je n’en peux plus", justifie-t-il. (Photo illustration archives YP)
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Louis, un père de famille d’une quarantaine d’années, est convoqué en comparution immédiate jeudi 23 mars au tribunal de première instance de Papeete. Le prévenu est appelé pour des faits de violences conjugales régulières envers sa compagne, Marie-Antoinette qui, à plusieurs reprises, se retrouve en incapacité de travail suite à la violence des coups portés par son concubin. Ce dernier, dont le casier judiciaire est “jalonné de faits graves“, a déjà été condamné par le tribunal trois fois pour les mêmes raisons.

“Clochard”

L’épisode se déroule le lundi 18 mars à Punaauia dans l’appartement du couple. Il est 21 heures, Louis, “sacrément alcoolisé“, vient de rentrer d’une journée pirogue offerte par l’entreprise pour laquelle il travaille. Marie-Antoinette, accompagnée de son fils de quatre ans, revient du supermarché avec quelques courses. Lorsqu’elle franchit la porte de son domicile, elle demande à Louis de l’aider à ranger les provisions. Mais, plus tard dans la soirée, elle aperçoit sur le lit conjugal un chiot que Louis aurait trouvé sur le chemin en rentrant de sa journée festive. Marie-Antoinette, agacée, lui demande de sortir l’animal du lit. À son tour exaspéré, Louis s’énerve et le ton monte. Marie-Antoinette lui rétorque alors : “j’appellerai ce chiot clochard“, en hommage au dessin animé La belle et le clochard

Et là, débute le calvaire : Louis porte plusieurs coups de poing au visage de Marie-Antoinette, qui s’accompagnent de coups de pied jusqu’à ce que la victime tombe à terre. Le bourreau ne s’arrête pas là : il continue de s’acharner sur sa compagne, qui crie de douleur et lance des “au secours“, en présence de leur fils “traumatisé“. Un réel “acharnement“, selon la juge. Finalement, ce sont les voisins qui téléphonent aux gendarmes. Louis est interpellé dans la soirée.

À cette affaire, s’ajoutent plusieurs épisodes de violences, notamment un en particulier, celui du 7 septembre 2020 à la suite duquel Marie-Antoinette s’est vu diagnostiquer 90 jours d’incapacité de travail. 

“C’est faux”

C’est faux“, dit Louis à la barre, alors que les faits lui sont exposés. “Je ne l’ai pas rouée de coups“, prétend-il, bien que Marie-Antoinette présente plusieurs hématomes au niveau du visage et des tempes. Le prévenu explique qu’il s’est énervé car il aurait compris que sa compagne le traitait de clochard: “j’ai pété un câble car c’est moi qui paie tout : le loyer, les courses et l’école de mon fils. Il y a toujours quelque chose avec elle. Je n’en peux plus“, justifie-t-il. “Ce n’est pas une raison de violenter sa femme“, lui rétorque la juge avant de le rappeler qu’il se trouve devant un tribunal correctionnel et non devant le juge des affaires familiales. 

La victime, entendue par les gendarmes, déclare que ces épisodes de violences se produisent régulièrement et “sont souvent très forts“. Selon son avocat, Louis aurait même rossé Marie-Antoinette alors qu’elle était enceinte de huit mois. “Ma cliente ne veut plus revoir ce monsieur“, indique-t-il.

Couple pathologique

Pour le procureur, la solution est simple : “il faut séparer ces deux individus” et “fixer une limite pour éviter la récidive“. L’avocate de la défense ne s’y oppose pas. Elle met en avant la “toxicité” du couple : “c’est un couple pathologique : quand il sont séparés tout va bien, quand ils sont ensemble ils ne s’entendent plus“. Elle dresse le profil d’un homme “travailleur“, qui “montre son courage” et qui “subvient aux besoins de sa famille“.

Finalement, le tribunal de Papeete reconnaît Louis coupable des faits qui lui sont reprochés. Il est condamné à 36 mois de prison dont 12 avec sursis. Il lui est ordonné de ne plus reprendre contact avec Marie-Antoinette et de lui verser 100 000 F au titre des dommages et intérêts. 

Les prénoms utilisés dans cet article sont des prénoms d’emprunt.