Téo et Jules, respectivement 23 ans et 22 ans, sont convoqués devant le tribunal de Papeete en comparution immédiate pour des faits de vols. L’un est de petite taille et fin, tandis que l’autre est trapu et corpulent. Il est reproché à Téo d’avoir cambriolé la librairie PK36 à Papara, la station Shell de Teva i Uta et la station Total de Pirae. Quant à Jules, il lui est reproché d’avoir assisté Téo lors du cambriolage de la station Total de Pirae. À un si jeune âge, les deux prévenus ne sont pas à leur première condamnation pour des faits de vol. Le casier de Téo fait état de huit condamnations alors que celui de Jules porte cinq mentions dont une condamnation.
Vols en série
Dans la soirée du 26 février, à Papara. Téo vagabonde dans la commune en scooter avant de s’arrêter à la Librairie PK36. Il se dirige vers le local de sécurité pour couper le courant avant de briser une vitrine pour s’introduire à l’intérieur du local. Il dérobe une enceinte acoustique (boombox), un total de 25 000 F de ticket à gratter et de l’argent. Une fois l’opération terminée, il repart en scooter.
Dans la soirée du 12 au 13 mars, à Teva i Uta, Téo décide cette fois-ci de cambrioler la station Shell de la commune. Il emploie le même mode opératoire : il se dirige vers le local de sécurité pour couper l’électricité, brise une vitrine pour s’introduire à l’intérieur de la station et vole 38 500 F de ticket à gratter et 10 cartouches de tabac (à hauteur de 106 410 F).
Dans la soirée du 15 au 16 mars, Téo est, pour ce délit, accompagné par Jules. C’est Téo qui dirige l’opération avec le même mode opératoire à la station Total de Pirae. Jules fait quant à lui le guet pendant que son compère dérobe 306 800 F en espèces, 100 800 F de tickets à gratter et du tabac. Ce sont les vidéos de surveillance qui ont permis d’identifier les deux garçons. Ils ont été interpellés durant les jours qui ont suivi.
“J’ai rien à voir dans son délire”
Les deux prévenus sont appelés à la barre et c’est Téo qui prend le premier la parole. “Jules n’a rien à voir avec le vol de la station Total, c’est moi qui l’ai entraîné dedans“, dit-il. En effet, ce soir-là, Jules s’est disputé avec sa copine, enceinte de quatre mois. Pour “décompresser“, Téo lui propose d’aller boire un verre, mais l’histoire prend une autre tournure. “Je ne savais pas qu’il allait voler la station. J’ai rien à voir dans son délire. J’ai compris la leçon, j’ai plus envie de voler. J’ai un travail maintenant“, précise Jules, manifestement à bout de nerfs et sur un ton agressif. Sauf que, pour la juge, les deux garnements ne sont pas crédibles puisque selon elle, une vidéo filmée avec le téléphone de Téo montre les deux jeunes hommes “agiter de l’argent“. “Ce n’est pas lui qui était sur la vidéo, c’était un autre collègue“, justifie Téo.
Toutefois, même si les paroles des deux prévenus paraissent quelque peu convaincantes, beaucoup de pièces du dossier ne tiennent “pas la route“. En effet, le sac qui contient les objets cambriolés à la station Total est retrouvé chez la copine de Jules. Pour le procureur, ce dernier est donc reparti avec une parti du butin et bien qu’il essaye de prétendre le contraire, Jules est un complice dans cette affaire.
“Coupables”
“Mon client a eu une vie de famille compliquée, jalonnée de plusieurs décès“, indique l’avocate de Téo. Elle poursuit sa plaidoirie en dressant le portrait d’un individu “qui s’est retrouvé à la rue depuis très jeune” et “qui est livré à lui même, sans aucune figure d’exemple“. L’avocate de Jules met en avant la bravoure de son client : “il s’est rendu lui-même à la gendarmerie”, précise-t-elle. Elle souligne également une “volonté de changer” puisque son client s’est rendu dans plusieurs entreprises pour déposer son curriculum vitae afin de trouver du travail et subvenir aux besoins de sa famille.
Finalement, le tribunal reconnaît les deux prévenus coupables des faits qui leur sont reprochés. Téo est condamné à 36 mois de prison alors que Jules retourne à Nuutania pour 24 mois de prison. Ils devront chacun verser la somme de 549 455 F aux victimes au titre des dommages et intérêts.
Les prénoms utilisés dans cet article sont des prénoms d’emprunt.
