Rencontre – Karine Leocadie : “Le handicap est encore un sujet tabou sur le fenua”

Karine leocadie, en charge de la mission du handicap à l'université t professeure de langues et cultures polynésienne. (Photo : Lana Chaine)
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À l’occasion du colloque international “Handi-Cap” du 22 au 26 mai à l’Université de la Polynésie française (UPF), Karine Leocadie, co-organisatrice de cette conférence, évoque l’insertion sociale et professionnelle difficile des personnes en situation de handicap sur le fenua. Une initiative pédagogique pour notamment mettre en lumière les difficultés rencontrées par ces personnes aux besoins particuliers et proposer des solutions pour y palier. 

“Mettre le cap vers une société polynésienne inclusive” est le message du colloque international “Handi-Cap” de l’Université de la Polynésie française (UPF), lancé ce lundi 22 mai jusqu’au 26 mai. Durant une semaine, des chercheurs, des scientifiques, des conférenciers mais aussi des personnes en situation d’handicap interviendront, tour à tour, en vue d’établir “un diagnostique du handicap sur notre fenua pour résoudre les difficultés rencontrées par les étudiants, les citoyens et les matahiapo en situation de handicap“, précise Karine Leocadie, chargée de la mission handicap de l’établissement et co-organisatrice du colloque. 

Cette conférence porte notamment l’objectif de promouvoir la construction d’une société polynésienne inclusive avec toutes formes de fragilités reconnues, en acceptant l’autre avec ses différences et en prenant conscience que les différences représentent, en réalité, une richesse à partager.

Identifier les difficultés et proposer des solutions

Karine Leocadie est en charge de la mission handicap de l’UPF mais également professeure de langues et cultures polynésiennes. Elle déplore un manque “d’aide humaine” au sein de l’université, en particulier des auxiliaires de vie scolaire (AVS) dont la formation professionnelle permet d’accompagner les étudiants en situation d’handicap vers leur réussite éducative, et plus tard professionnelle.

À ce jour, aucune convention entre l’université, le Pays et l’État n’a été signée pour permettre aux AVS de travailler à l’université : “il n’y a pas de convention entre l’UPF, l’État et le territoire pour permettre aux auxiliaires de vie scolaire (AVS) de travailler à l’université. C’est pour cela qu’au sein de ce colloque, nous allons essayer de developper cette problématique et discuter de solutions pour permettre une meilleure inclusion des élèves en situation de handicap“, explique Karine Leocadie.

Pour ce faire, la mission du handicap de l’université préconise d’engager des étudiants volontaires et bénévoles du campus pour palier cette défaillance : “ce que la mission du handicap propose c’est d’engager des étudiants du campus qui sont volontaires et bénévoles pour aider les étudiants invalides. J’espère qu’avec le nouveau gouvernement, de nouvelles portes s’ouvriront pour pouvoir résoudre les difficultés de nos étudiants et des citoyens en situation de handicap“, détaille l’enseignante.

Le regard de l’autre, un obstacle à l’épanouissement social

En plus d’une carence d’aide humaine, Karine Leocadie alerte sur la santé mentale des personnes en situation de handicap et sur l’exclusion sociale : “grâce à ce colloque inclusif, nous nous sommes rendus compte qu’il existe encore des personnes en situation de handicap seules dans leur coin, isolées de la société. Je connais beaucoup de personnes invalides qui sont très touchées par le regard de l’autre et cela provoque l’isolement, la honte, la peur, l’anxiété de ne pas se sentir à sa place dans la société polynésienne. Le regard de l’autre provoque un blocage et surtout un empêchement pour pouvoir vivre naturellement, normalement. C’est cela que nous cherchons à enlever, cet obstacle qui est présent dans leur esprit. Qui peut changer cela ? C’est nous, les personne valides, la société actuelle qui devrait être plus sensibilisée sur le sujet et accepter ce changement”, prévient Karine Leocadie.

Ainsi, ce colloque promet du partage, de la bienveillance et des discussions approfondies sur le sujet du handicap, encore tabou sur le fenua.

Weena Maruae, te faufa’a tupuna

Je m’appelle Weena Maruae et je suis PMR et étudiante à l’Université de la Polynésie française en seconde année de Droit et Science politique. J’ai souhaité m’associer à cette exposition inclusive parce que je sais que j’allais avoir la meilleure place dans ce projet, sans regard malveillant, sans moquerie ni préjugés. Mon œuvre reflète l’image d’une représentation complexe et riche en symboles de la vie, de l’espoir, de la résilience et de l’égalité humaine, avec un focus sur la question du handicap. Dans la culture polynésienne, l’arbre à pain est un arbre de vie et une belle légende y est rattaché. La scène n’est ni triste ni joyeuse : c’est une scène émouvante. Pour moi, le sujet principal de ce tableau est le handicap et la vie. Je voulais que le tableau montre que le handicap n’est pas une fin en soi et que les personnes handicapées peuvent vivre une vie pleine et heureuse. Mon œuvre reflète l’image d’une représentation complexe et riche en symboles de la vie, de l’espoir, de la résilience et de l’égalité humaine, avec un focus sur la question du handicap.”