Portrait – Cindy Gelas : “la Polynésie doit mettre une priorité absolue sur l’agriculture”

Fille d’une mère polynésienne et d’un père normand, Cindy est issue d’une grande famille d’éleveurs de Normandie, où elle s’est installée pour concrétiser son rêve. (Photo : Cindy Gelas)
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Cindy Poerava Gelas veut construire la première ferme pédagogique laitière de Polynésie française. Un projet d’envergure pour cette fille du fenua, issue d’une grande famille d’agriculteurs normands. Actuellement en formation à Maltot, cette ancienne conseillère technique projette d’ouvrir son étable en 2026. 

Il y a un an, Cindy Poerava Gelas, à cette époque conseillère technique au ministère du Tourisme, décide de réaliser son rêve : celui de devenir éleveuse, comme son arrière grand-père, Louis Gelas. Fille d’une mère polynésienne et d’un père normand, Cindy est issue d’une grande famille d’éleveurs de Normandie, où elle s’est installée pour concrétiser son rêve.

Louis Gelas, l’arrière grand-père
de Cindy, était éleveur de vaches
normandes
à St Lô dans La Manche. Il était le
dernier éleveur de la lignée
Gelas avant que la ferme familiale
soit vendue. (Photo : Cindy Gelas)

À 44 ans, Cindy ambitionne de fonder la première ferme pédagogique laitière sur le fenua. Un projet hors du commun en vue de transmettre le savoir-faire de l’élevage aux Polynésiens : “à  travers cette ferme pédagogique, j’aimerais apprendre aux Polynésiens comment devenir des éleveurs pour nous permettre de produire du lait et de la viande par nous-mêmes. Bien que l’importation se poursuivra nécessairement, il est important de commencer à s’auto-alimenter pour être capable de contrer les risques de pénuries qui peuvent advenir en Polynésie“, explique Cindy Gelas.

Pour matérialiser son idée, Cindy Gelas doit se former à l’élevage laitier. C’est la première étape de son projet de ferme pédagogique. Pour cela, elle prépare actuellement son diplôme du Brevet Professionnel de Responsable d’Entreprise Agricole (BPREA) au centre de formation Maltot. Le BPREA lui permettra ainsi d’être reconnue en tant que professionnelle dans l’agriculture et en tant que future cheffe d’exploitation d’une ferme laitière : “c’est une formation que j’alterne en pratique dans une ferme d’exploitation laitière où j’apprends mon métier d’éleveuse de vaches laitières“, précise l’ancienne conseillère technique. 

À 44 ans, Cindy ambitionne
de fonder la première
ferme pédagogique laitière
sur le fenua. Un projet
hors du commun
en vue de transmettre
le savoir-faire de
l’élevage aux Polynésiens

(Photo : Cindy Gelas)

L’agriculture, “une question de survie”

À ce jour, la Polynésie française ne dispose pas encore d’une vraie filière de production de lait et de viande, car l’élevage laitier n’est pas traditionnel sur le fenua. Cette faille, Cindy a décidé de l’exploiter avec son ambition de fonder la première ferme pédagogique laitière sur le territoire polynésien. Selon elle, “la Polynésie doit maintenant mettre une priorité absolue sur l’agriculture. Nous savons comment faire, c’est maintenant une question de survie pour nous“.

La ferme pédagogique sera implantée sur l’île de Moorea, vers 2026. À l’issue de ses trois années de formation, Cindy Gelas souhaite “rapporter le meilleur en Polynésie que ce soit dans le respect de l’environnement, de la production et du bien-être animal“. Les produits proposées seront essentiellement issus de vaches, mais Cindy songe également aux chèvres et aux brebis laitières.

Une étable “expérimentale

Toutefois, la taille humaine de cette future ferme ne fournira pas du lait et de la viande pour toute une île car “elle est avant tout pédagogique et expérimentale pour permettre aux Polynésiens de s’adapter à ce nouveau système d’agriculture et plus tard, voir des fermes plus importantes s’implanter sur nos îles“, indique Cindy Gelas.

Pour rendre l’étable attractive et ludique, Cindy projette de mettre en place des activités touristiques “pour faire découvrir la vie à la ferme, et faire découvrir la transformation laitière, comme par exemple apprendre à faire du fromage et de la glace fermière“. “Il y aura aussi une partie beaucoup plus professionnelle pour les jeunes et les adultes, j’ai songé aux lycée agricoles de la Polynésie. Être éleveur est d’abord un métier de terrain“, détaille Cindy Gelas.

L’ancienne conseillère technique est impatiente de débuter sa nouvelle carrière professionnelle et souhaite “encourager les Polynésiens à se réaliser et à concrétiser leur rêves“. “Face au système administratif, financier et aux règlementations complexes qui peuvent décourager les Polynésiens, il faut rester tenace et croire en soi. La persévérance est la clé de la réussite“, conclut la future agricultrice. 

Les confidences de Cindy Gelas

Ton produit laitier préféré ?

J’adore la teurgoule qui est une spécialitée normande à base de riz et de lait sucré cuit au four, c’est mon côté normand.

En plus de l’élevage, quels sont tes autres centres d’intérêt ? 

J’adore lire, je pourrais remplir une bibliothèque entière avec des livres, cela vous cultive et alimente votre curiosité. A coté de ça, je suis une aventurière, donc j’adore voyager.

Une spécialité culinaire ? 

Le poisson cru au lait de coco, c’est mon côté Polynésien. Le ma’a Tahiti me manque terriblement !

Le meilleur souvenir de ta vie ?

La naissance de mes enfants, c’est dans le coeur d’une maman pour toujours.

La pire souvenir de ta vie ? 

J’ai perdu ma maman il y a 3 ans, je ne peux pas décrire la profonde tristesse que j’ai vécue, et surtout quand vous êtes démunie face à cette situation.

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