A 37 ans, Vaihere Desolier représente parfaitement la femme moderne. Maman épanouie d’un jeune adolescent, working girl qui s’active sur tous les fronts, elle est également une sportive émérite au palmarès impressionnant dans le bodybuilding, discipline qu’elle pratique depuis seulement sept ans. Digne représentante de cette génération de championnes du fenua, portrait d’une femme qui vit dans l’ère du temps.
Rien ne prédestinait Vaihere à se lancer tambour battant dans cette discipline, parfois mal connue du grand public, qu’est le bodybuilding. Enfant, à part le sport pratiqué à l’école, la jeune femme n’est pas une adepte du sport de compétition. C’est en 2017 qu’elle commence la pratique du bodybuilging, poussée par une envie de se reprendre en main et d’avoir un esprit sain dans un corps sain.
Elle débute alors doucement mais sûrement. Elle réapprend tout d’abord à manger correctement et à pratiquer la musculation une heure, six jours sur sept. En seulement huit mois, Vaihere perd près de trente kilos. “J’ai vu peu à peu mon corps se transformer”. Ses partenaires de la salle de sport où elle s’entraîne voient alors le potentiel qu’a la trentenaire et la poussent à s’inscrire à sa première compétition.
Une participation aux championnats du monde, en 2019, en Corée
En octobre 2017, soit quelques mois seulement après ses débuts dans ce sport, elle participe aux championnats de bodybuilding de Polynésie française, dans la catégorie bikini fitness, qui deviendra sa catégorie de prédilection. L’évènement a lieu à l’époque à l’hôtel Le Méridien, à Punaauia, où Vaihere est alors employée. Poussée par ses collègues et tous ses fans venus la soutenir, elle remporte le titre pour sa première participation.
Stimulée par cette victoire et cette nouvelle vie, Vaihere décide alors d’aller tester son niveau à l’international. En mars 2018, direction la Nouvelle-Zélande afin d’aller se confronter à un niveau supérieur. Pour sa première participation aux championnats de Nouvelle-Zélande, la toute jeune athlète termine troisième. Une performance considérable après seulement un an de pratique de ce sport qui demande une discipline de fer.
Dès lors, le palmarès de la championne ne cesse de s’étoffer avec de nombreux podiums, comme par exemple aux championnats du monde en Corée en 2019 ou en Nouvelle-Calédonie, la même année, où elle remporte les jeux du Pacifique sud dans deux catégories : bikini fitness et body fitness. Avec la crise sanitaire en 2020, les compétitions s’arrêtent jusqu’en 2022 pour Vaihere, année durant laquelle elle commence de nouveau à remplir ses vitrines de trophées.
Pour les préparations, repas pesés et hyperprotéinés
Un mental d’acier et une persévérance qui permettent à Vaihere, en 2023, d’être sélectionnée pour les jeux du Pacifique, aux îles Salomon. C’est d’ailleurs la première fois que le bodybuilding est présent durant ces jeux, informe la jeune femme. Et pour cette première, la championne se classe seconde, juste derrière la calédonienne, championne du monde en titre, dans la catégorie bikini fitness.
Vaihere explique qu’avant chaque compétition, le temps de préparation est d’environ trois mois. Durant cette période, une hygiène de vie stricte s’impose à la multi-médaillée. “Tout est pesé lors d’une préparation. Mes repas hyperprotéinés et je dois faire attention aux lipides et glucides. Je mange cinq repas par jour. Niveau entraînement, je fais une à deux heures de salle par jour et je travaille aussi le cardio.”
Pour celle qui aimerait voir plus de jeunes femmes se tourner vers la discipline, les objectifs 2024 sont les suivants : les jeux du Pacifique sud, en Nouvelle-Calédonie, vers fin septembre et les championnats du monde aux Maldives, mi-novembre. Pour toute compétition, Vaihere est obligée de poser des congés payés. Pas facile de jongler entre la vie de maman, de femme active et de sportive de haut-niveau…pourtant Vaihere est l’exemple que tout est possible quand on le veut.
La discipline non inscrite aux jeux du Pacifique 2027, à Tahiti
Lorsqu’on lui parle de sa participation aux jeux du Pacifique qui auront lieu à Tahiti en 2027, Vaihere informe que pour le moment, la discipline n’est pas inscrite dans la liste des sports officiels de la compétition. Une chose improbable pour la championne qui promet de se battre pour que la discipline soit présente lors de ce grand évènement qui aura lieu au fenua.
Interrogée enfin sur son futur, sur le long terme, dans la discipline, pas question pour la dynamique trentenaire de penser à stopper sa passion. “J’ai déjà vu une femme de 80 ans concourir!”. Souhaitons-lui d’avoir une aussi longue carrière !
