Météo – Un “coup de chaud” de saison sur Tahiti et ses îles

Si des pics ont été observés par Météo-France (+4°C à Hiva Oa, le 27 janvier), globalement, des températures supérieures à 30°C ne sont pas inhabituelles pour la saison. La vigilance reste de mise face au risque cyclonique et aux épisodes de fortes pluies (Photo : archive LDT).
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Cela ne vous aura sans doute pas échappé : ces derniers jours, le temps est au beau fixe et la chaleur est particulièrement pesante. Pour ceux qui travaillent en extérieur et dans des salles non-climatisées ou mal ventilées, y compris dans certains établissements scolaires, la situation peut s’avérer compliquée, notamment en milieu de journée.

Des températures élevées, mais pas inhabituelles

Si la saison chaude est bien marquée, elle n’est pas pour autant inhabituelle selon Victoire Laurent, climatologue à Météo-France en Polynésie française. “D’une manière générale, sur la période de janvier, on a une augmentation des températures. Sur Hiva Oa, au niveau des températures maximales, on a un écart de 4 degrés entre la valeur observée le 27 janvier 2024, qui était de 35,3°C, et la normale de 31,3°C. C’est la valeur la plus importante qu’on ait observée pour ce mois de janvier, et la deuxième valeur en forte température depuis que la station est ouverte. Sur Faa’a, on est à 2 degrés d’écart, avec 33°C le 14 janvier 2024, pour une normale de 31°C”, détaille la spécialiste.

À Takaroa, on a enregistré +1,2 degré avec 31,9°C le 26 janvier, et 27,8°C à Rapa le 4 janvier, au lieu de 25,2°C. Pour autant, des températures supérieures à 30°C ont régulièrement été observées en janvier au cours des trente dernières années. “Pour tous les archipels, les températures avoisinent des températures normales, avec quelques épisodes de fortes chaleurs”, résume Victoire Laurent, tout en précisant que, si le taux d’humidité, actuellement compris entre 70 et 80 %, est considéré comme normal, le ressenti des fortes températures est exacerbé en l’absence de vent.

Par ailleurs, l’écart des températures entre le jour et la nuit n’est pas toujours suffisant pour profiter des bienfaits de la fraîcheur nocturne. “Il faut un écart entre 8 et 10 degrés pour le bienfait des nuits. Actuellement, on est plus entre 5 et 6 degrés sur la Société”, explique Victoire Laurent.

Vigilance face au risque cyclonique et aux fortes pluies

Selon la climatologue, il faut s’attendre à ce que cela continue. “C’est au mois de février que les températures maximales sont les plus hautes, donc on s’attend à avoir d’autres épisodes de chaleur. Pour rappel, on est quand même en phénomène ENSO (El Niño – Oscillation australe, ndlr), avec une anomalie au niveau de l’eau de la mer, plus chaude de 1,5 ou 1,6 degré. Le risque cyclonique annoncé pour cette saison chaude est toujours présent, donc Météo-France ne baisse pas sa vigilance”.

Notre meilleure alliée pour faire baisser les températures reste la pluie, elle aussi de saison. “On voit tout de suite la différence : dès qu’il pleut, les températures chutent. Sur Faa’a, on a eu des températures de 1 à 2 degrés en dessous de la normale certains jours”. Pour l’instant, le soleil brille, mais ça ne va pas durer. “Les épisodes de fortes pluies sont à craindre et à surveiller. Récemment, on a eu des pluies extrêmes qui ont fait des dégâts, et on s’attend encore à des épisodes dans les jours et semaines à venir”, conclut Victoire Laurent. Le haut-commissariat a d’ailleurs annoncé “un épisode de mauvais temps en Polynésie” à partir du dimanche 4 février.

Climatiseurs, congélateurs et réfrigérateurs tournent à plein régime

Dans l’immédiat, nous ne sommes pas parvenus à obtenir des données chiffrées mettant en relation l’augmentation des températures et celle de la consommation énergétique. EDT-Engie souligne toutefois sur son site internet qu’un climatiseur “peut représenter jusqu’à 20 % de votre facture d’électricité”. Dans son bilan énergétique 2021, l’Observatoire polynésien de l’énergie estimait que les systèmes de climatisation alimentés par l’eau froide des profondeurs de l’océan permettaient d’économiser 3,5 GWh à Tetiaroa, 2,2 GWh à Bora Bora et 12 GWh pour le Swac du Centre hospitalier de Taaone.

D’autres appareils électroménagers sont particulièrement énergivores, comme les “frigos”, dont le fonctionnement est ininterrompu. Bien qu’appréciable, la production automatique de glaçons augmente la consommation en électricité de 15 à 20 %. Concernant les congélateurs, un modèle vertical consomme plus qu’un modèle horizontal.

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